J'apprécie assez le travail de Garrel (celui du milieu), et il nous sort là un film tout simple et pourtant assez beau (je ne devrais pas dire pourtant, mais "donc") dans la lignée de la jalousie. Alors j'avoue préférer lorsqu'il tourne avec son fils parce que le jeu de Louis Garrel colle bien au cinéma de son père, il y a une osmose, peut-être à cause du lien parental entre les deux. Osmose que je n'ai pas ressentie ici.
En fait le bémol que je mettrai au film, qui est sans doute la seule chose que j'irai reprocher au film, mais qui fait que l'on n'est pas en face d'un vrai grand film, mais juste d'un bon film (comme la plupart des autres films de Garrel que j'ai pu voir), c'est les acteurs, alors on a toujours ce jeu un peu "faux" si j'ose dire chez Garrel, quelque chose qui te montre qu'on n'est pas dans la réalité, cependant ça ne marche pas aussi bien que chez Bresson ou que dans la Nouvelle Vague, mais cette fois je les trouve un peu moins convainquant, sans doute car je ne suis pas un grand amateur de Clotilde Courau et que je n'arrive pas à l'oublier dans son personnage. Là où par exemple Louis Garrel se fait oublier, vu qu'il joue toujours un peu le même genre de rôle, ça permet d'y croire, tout simplement.
Après je trouve Vimala Pons toujours aussi sublime, divine et magnifique ! Et quelque part je trouve ça bien qu'elle ait ce petit rôle, le rôle de l'amie de Courau, parce que si elle avait joué la maîtresse du héros, je n'y aurai pas cru, tu ne peux pas être avec Pons et hésiter avec Courau, ce n'est pas possible, humainement, physiquement. Je sais que les gens font des choses absurdes.
Il y a des partis pris que je trouve vraiment excellent, notamment une ellipse à la fin, je n'en dis pas plus et on a une révélation au détour d'un dialogue... Un personnage si peu important qu'il n'a même pas droit à une porte de sortie digne, contrairement à un autre qui en a eu une un peu plus tôt dans le film. Et ça veut tout dire sur la relation du personnage avec le héros, comme si ce personnage de comptait pas, comme s'il n'avait jamais compté.
C'est ça qui est beau et triste... Les personnes pour qui on compte et qui ne compte pas pour nous. D'ailleurs si le film n'est pas traité de manière réaliste dans le jeu des acteurs ça ne l'empêche pas d'être vrai.
J'aime beaucoup la scène où le héros offre des fleurs à sa femme et là je me suis dit : "ah, mec tu es entrain de te griller, des fleurs, c'est que tu as quelque chose à te faire pardonner" et ça ne manque pas, mais ce qui est habile c'est que ça ne tourne pas comme on aurait pu le prévoir, le personnage de Courau étant soit bien plus fin, soit bien plus naïve que ça (sans doute naïve).
Si sur le papier ça fait un peu caricature de film d'auteur, ça n'en est pas moins un bon film, d'autant plus que j'aime beaucoup la durée, à peine plus d'une heure, tout est dit, il n'y a rien à ajouter, rien à jeter, on arrive à une sorte de durée parfaite, quelque chose de simple, mais où on ne va pas tirer en longueur pour le plaisir de tirer en longueur, c'est concis et arriver à ça, à ce niveau d'épure, c'est vraiment pas mal !
Vraiment sympa donc et je pense que la plupart des hommes pourront se reconnaître dans le personnage du héros qui est assez bien écrit (mais dont la gueule ne me revient pas, avec son petit air blasé).