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Hardecho
1 abonné
50 critiques
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1,5
Publiée le 14 janvier 2024
En visionnant la bande annonce, on s'attend à voir un film intimiste et puissant, dans la grande tradition du cinéma d'auteur français. Mais la force des sentiments, quoi que magistralement exprimée par les acteurs principaux, est littéralement étouffée par une réalisation poussiéreuse et sclérosée. La narration, catastrophique, alterne des voix-off au ton risible qui se bornent à nous décrire ce que l'on a déjà constaté sur le visage des acteurs, et des ellipses qui nous sortent de l'histoire sans toutefois nous perdre, car il n'y a rien à attendre d'un scénario ultra-convenu.
C'est toujours avec plaisir que l'on découvre un nouveau film de Philippe Garrel. Nouveau ? En fait, tout son univers habituel, obsessionnel est là, présent, rassurant, presque apaisant, en dépit de la mélancolie : le drame sentimental, la réflexivité cinématographique (c'est quoi faire du cinéma ?), le noir et blanc. Le style est toujours épuré, avec une simplicité de l'intrigue, un jeu très sobre des acteurs, des cadres souvent fixes, des décors réduits, une place minimale accordée à la musique (celle de Jean-Louis Aubert ici). Mais la beauté est au rendez-vous, grâce au chef op Renato Berta et à la présence magnétique de Stanislas Merhar, double garellien et de Lena Paugam, grande révélation du film. Clotilde Courau est convaincante aussi, plus dans la lumière que dans l'ombre. Et c'est bien aux apparences que le grand Garrel nous invite à se méfier. Les femmes sont insaisissables dans leurs sentiments et seule leur représentation est possible. Le documentaire que Pierre, le réalisateur, prépare ment à son insu et la lumière de son interviewé principal est trompeuse. Seuls l'amour et l'art importent pour Garrel. Le réalisateur, qui tourne depuis plus de 50 ans, est le seul à ma connaissance en France à nous plonger encore dans l'univers de la Nouvelle Vague, comme si nous étions dans les années 60 : utilisation du 35 mm, décors naturels parisiens, intimisme, mise en abyme et jusqu'aux décors (avec tapisseries aux motifs très vintage). La magie d'une époque et d'un style perdure.