Grand écart entre les critiques professionnels et les critiques des spectateurs.
J'avais très envie de voir le film : Philippe Garrel, Clotilde Courau, le sujet de la sexualité, du désir des femmes mal compris et minimisés. Et puis les critiques affolantes : "un diamant" !
De retour, je suis triste. Pas de désir, pas de souffle, pas de fond, le noir et blanc somptueux au secours d'un documentaire banal, restant en surface des sentiments, des joies ou de la souffrance.
Clotilde Courau est extraordinaire, lumineuse, incandescente, son visage mobile, changeant est fascinant, ça c'est sûr, cette femme est une merveilleuse comédienne sous employée et confidentiellement adulée.
L'acteur a un rôle ingrat, ne rien dire, ne rien faire, suivre sa chair sans enthousiasme, cheveux gras et peau granuleuse (le noir et blanc, ça pardonne pas), un pauvre mec en quelque sorte qui n'a rien compris même pas à son boulot de documentariste puisqu'il s'est fait balader par un salaud qui se disait héros de la résistance. Toujours cette deuxième guerre mondiale qui trie les gens, c'est facile, moi aussi je le fais tout le temps mais je ne suis pas cinéaste.
Est-ce qu'il était nécessaire de créer un personnage masculin aussi peu ragoutant pour montrer à quel point les femmes sont plus intéressantes que les hommes et qu'elles peuvent aussi tromper leur mec ? Les critiques disent que le film est féministe, ça m'énerve : est-ce qu'on aurait besoin de parler d'un blanc crétin pour montrer que les noirs sont des humains comme les autres ? Ben là c'est ça, le type est un brocoli, alors évidemment à côté une femme qui vit, court, sourit, donne de la tendresse et de l'humour, ça déchire.
J'ai vu une interview de Clotilde Coureau qui disait que Garrel voulait parler de la libido des femmes aussi impérieuse que celle des hommes -idée tout à fait juste est louable par les temps qui courent où il serait préférable de voiler les femmes honnêtes pour les soustraire aux désirs bien naturels des hommes toujours prêts. Oui mais alors pourquoi Manon dit-elle que sont amant l'aimait, que c'était un type bien, qu'il la faisait exister ? C'était pas ça le sujet. Oui bien sûr c'est mieux d'avoir un amant gentil quand on un mari indifférent et creux. En revanche, le mari, lui, il recherche juste la sexualité avec une nana assez ordinaire qu'il réussit quand même à maltraiter. Alors là on n'est pas sortis de l'auberge et des clichés.
C'est dur, hein, c'est pas demain encore qu'on va comprendre ce qui fait ronronner les filles et qu'il faut arrêter de justifier le ronronnement, y a rien de plus naturel en fait !