Les Balkans il y a 21 ans. La guerre entre bosniaques, croates et serbes. Une guerre dans laquelle les religions (musulmanes, catholiques, orthodoxes) tiennent une part importante. Une guerre sur le point de se terminer. Terminée, terres minées : deux points très importants dans le film de Fernando León de Aranoa ! Sur place, il y a les forces des Nations Unies, mais aussi des ONG, telle "Aid Across Borders". "A perfect day", adaptation cinématographique du roman "Dejarse llover" de Paula Farias, nous fait partager "un jour comme les autres" de 4 membres de cette ONG : Mambrú, un porto-ricain, responsable de la sécurité, qui doit rentrer chez lui dans quelques jours ; B., un américain quelque peu déjanté et dont on ne sait jamais si on doit prendre au sérieux ce qu'il dit ou ce qu'il fait ; Sophie, une française spécialiste en purification de l'eau ; cette mission est la première qu'elle effectue et elle se montre à la fois naïve et volontaire ; Katya, responsable de l’évaluation et de l’analyse des conflits, une russe qui a eu une aventure avec Mambrú et qui est là pour décider si l'ONG doit ou non rester dans la région. Il y a aussi Damir, le local, l'interprète du petit groupe. Toute la journée, le groupe va s'efforcer de trouver une corde qui permettrait de sortir du seul puits non miné de la région un cadavre qui y a été plongé afin d'en polluer l'eau. Cette recherche va les mettre en contact avec les populations locales, dont l'interprète dit que ce sont les rois de l'humour, avec l'absurdité de cette guerre, avec l'absurdité des comportements et des décisions des représentants des Nations Unies. En contact aussi avec un gamin qui rêve d'un ballon de football. D'un bout à l'autre du film, la situation est manifestement dramatique, mais Fernando León de Aranoa, qui a décidé de faire ce film pour rendre hommage aux ONG dont il avait eu l'occasion de voir le travail en tournant "Buenas noches, Ouma" pour MSF, en Ouganda, a choisi de la peindre en utilisant un humour très distancié dans lequel Tim Robbins, qui interprète le rôle de B., joue un rôle très important. A ses côtés, Benicio Del Toro est un Mambrú très attachant, Mélanie Thierry, une Sophie nature, la franco-ukrainienne Olga Kurylenko, une Katya très forte et très troublante. Les paysages, magnifiques, représentent un personnage important. A noter que ce ne sont pas des paysages des Balkans, mais des paysages de l'Andalousie et de la Castille. Vu le contexte, on est très surpris lorsqu'on entend de la musique pour la première fois : "TTT" par le groupe de punk-rock The Buzzcocks. D'autres musiques plus ou moins punks vont venir se succéder sans pour autant "écraser" le film (MarilynManson, The Ramones, Gogol Bordello) et prouver que, finalement, cette musique âpre et déjantée convient finalement très bien à la situation vécue par notre quatuor. On entend aussi The Velvet Underground dans "Venus in furs" et, sur le générique de fin, "Where Have All the Flowers Gone", la magnifique chanson de Pete Seeger, dans l'interprétation de Marlene Dietrich, puis "There is No Time" par Lou Reed. "A perfect day, un jour comme un autre" avait rencontré un franc succès à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2015, beaucoup de spectateurs évoquant une parenté avec "No Man's Land" de Danis Tanovic. Il y a du vrai, même si "No Man's Land" était un véritable chef d'œuvre alors que "A perfect day" n'est ... qu'un excellent film.