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gimliamideselfes
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4,0
Publiée le 16 janvier 2018
Je crois que j'aime vraiment le cinéma de Tsai Ming-Liang, il a quelque chose de réellement fascinant. Ici on suit au travers d'une poignée de plans fixes (et d'un plan où à la caméra bouge légèrement pour accompagner un personnage) un moine bouddhiste lors de son voyage en Occident. Ici le titre fait forcément penser à l'histoire du roi singe (aux pérégrinations vers l'Ouest), sauf que le moine a poussé un peu plus loin que l'Inde et se retrouve à Marseille. Il y marche lentement et c'est ça la force du film. Il se passe quelque chose de fou lorsqu'on regarde le film, on a à la fois cette prestation à la limite de la performance de Lee Kang-Sheng qui marche avec une lenteur absolue et à côté on a la vie des gens. Parce que c'est tourné dans la rue, on voit les gens qui s'arrêtent, qui le regardent, qui le dévisagent, qui continuent leur chemin... Ceux qui prennent une photo avant de continuer leur route... Il se passe tellement de choses à l'écran que limite on ne sait plus où regarder.
Dans certains plan le moine n'est pas là dès le départ et on guette son arrivée, mais on est tellement attirée par tout le reste, par toute l'animation que par moment il semble limite surgir dans l'image tellement sa tenue rouge attire l’œil qui était au préalable attirée par tout autre chose.
La composition des plans n'est pas pour rien dans la fascination du spectateur. C'est vraiment beau, notamment ce plan où l'on film un toit qui reflète ce qui se passe en-dessous. Sauf qu'en-dessous il y a la mer... on a donc cette impression étrange et irréelle que la mer s'arrête en plein milieu du ciel.
Le film reste totalement énigmatique, on a le personnage de Denis Lavant que je n'arrive pas à identifier. Je l'ai vu crédité comme étant le dragon sur certains sites. Il y a bien quelques images où il peut faire penser à ça, notamment une où il est flou, au premier plan, on ne voit que son visage à l'horizontal et un petit point rouge, sans doute le moine, se déplacer au loin, au peu au-dessus de lui sur l'image.
Donc malgré la lenteur absolue, c'est sans doute l'un des films les plus lents qu'il m'ait été donné de voir, le film pose réellement question sur ce qu'il dit, sur ce qu'il veut dire et sur ce qu'il montre, sur ses références. Il y a largement de quoi occuper un esprit pendant les 53 minutes que dure le film.
Bref, c'était un réel régal de voir notre société par ce prisme là, avec cette lenteur qui force à la contemplation, où finalement l'étranger finit par se fondre dans le décor, dans la masse et où le réel sujet devient nous-même.