Ningen est un film multiculturel. En effet, Guillaume Giovanetti est français tandis que Çağla Zencirci est turque. Le film a lui été tourné au Japon avec des acteurs japonais et un acteur chinois.
Après de nombreux courts-métrages et un long-métrage en 2012, Noor, Guillaume Giovanetti et Çağla Zencirci signent ensemble leur deuxième film, Ningen.
Contrairement à leurs précédents films, Ningen possède une grande part de fantastique qui se mêle à l'histoire très réelle de Masahiro Yoshino, pour signifier son instabilité mentale. Ainsi, on peut noter la présence "d'une hutte dans laquelle un trappeur le prend pour un animal, un théâtre de Noh avec un danseur travesti comme gardien des Enfers, un Host - Club comme abri du Dieu-Renard, et le sanctuaire shinto de Fushimi - Inari qui devient le Monde du Dessous où les grandes portes rouges vermillon Torii le conduisent à son but... et à sa perte."
Guillaume Giovanetti et Çağla Zencirci ont décidé de poser leur caméra sur le sol japonais après y avoir réalisé le court-métrage Six, dans le cadre du Festival Con-Can. Après avoir postulé à la Villa Kujoyama, institut français qui offre un hébergement à des artistes qui souhaitent développer un projet, ils ont obtenus un "visa" de six mois et ont ainsi pu réaliser Nigen.
Ningen a été présenté dans de nombreux festivals dont, entre autres, le Festival International du Film de Toronto (2013), l'Ireland Silk Road Film Festival (2014) où il a remporté le prix du 3e meilleur film, de la meilleure photographie et du meilleur acteur pour Masahiro Yoshino. Le film a également été présenté à l'Avvantura Filmforum Zadar de Croatie où le Premier prix lui a été attribué.
Tout comme pour leurs autres films, les réalisateurs ont construit le scénario de Nigen à partir de l'histoire de leur acteur principal (non-professionnel). Ils expliquent : "(Nous avons fait la rencontre de) Yoshino, le PDG de la société. (...) Au fil des années où nous avons développé notre relation, sa société s’est mise à péricliter et cela l’a mis dans un état mental très instable, ce sur quoi nous avons joué pour donner l’impulsion de départ du film. Et c’est par ailleurs Yoshino qui nous a amené deux autres personnages clés du film : sa femme Wajima et son ami chinois Lee, qui jouent également leur propre rôle". Chaque acteur du film a été trouvé grâce aux connaissances des uns et des autres.
Après avoir rencontré le directeur d'un institut psychiatrique, également cinéaste qui avait fait tourner des patients dans des films, les réalisateurs se sont "installés" dans le centre et y ont fait des rencontres décisives pour leur scénario. Ils racontent : "A la suite de plusieurs mois de travail, se sont imposées les figures d’Ayukawa et des sœurs Yukie & Hiromi. La première nous a offert l’histoire d’amour mythologique des déités du Kojiki (la Genèse du Japon selon la doctrine Shinto), qui s’est imposée à nous comme un parallèle é tonnant de l’histoire d’Orphée et d’Eurydice. Les secondes, qui écrivaient une nouvelle version du mythe du Renard et du Raton - Laveur, nous ont donné le fil directeur du film."
En japonais, Ningen signifie "humain". Ce titre a été choisi en référence à l'histoire du Renard, du Raton-Laveur et de l'Humain qui est le fil conducteur du film. Il colle également parfaitement à la question que se pose le personnage principal : "Ce qui caractérise l’humain, n’est-ce pas sa propension à toujours finir par faire une erreur, tout en ayant bien conscience que c’en est une ?"
Grâce à Xiao Mu Lee, les réalisateurs de Ningen ont pu faire de réelles économies, leur budget étant assez restreint. Ils expliquent : "Sa présence nous a d’ailleurs permis de tourner sans éprouver de problèmes dans un quartier contrôlé par les Yakuzas, et surtout sans avoir à débourser des sommes faramineuses que le budget du film, extrêmement réduit, ne nous aurait jamais permis."
Le tournage de Ningen s'est déroulé dans l'ordre chronologique. Chaque matin, les acteurs non-professionnels découvraient les scènes qu'ils allaient jouer le jour même. Ainsi, chaque jour, ils interprétaient une scène sans savoir ce qu'il se passerait le lendemain, donnant ainsi une authenticité à leur jeu.
La construction en trois parties du film est appuyée par l'utilisation de décors très différents les uns des autres, mais tous réels : "Plusieurs décors sont capitaux dans le film, ils expriment les différents états d’esprit de Yoshino. Il y a tout d’abord sa société et en particulier son grand hall Open Space où il fait régulièrement ses discours déstructuré s à ses employés. Il y a ensuite la clinique, espace de guérison et d’introspection, et son toit où Yoshino tente de recouvrer sa santé psychologique avec Ayukawa. Enfin, les lieux "surnaturels" de la troisième partie du film, où l’esprit altéré de Yoshino perd sa cohérence et mélange les influences japonaises."
Après le Pakistan (Noor) et le Japon (Ningen), le troisième long-métrage de Guillaume Giovanetti et Çağla Zencirci se déroulera en Turquie.