Dans l’histoire américaine, si le Vietnam n’est plus qu’un souvenir ce sont les guerres du Golfe qui l’ont remplacé. Ainsi aujourd’hui ce sont les traumas de l’invasion en Irak que l’ont voit apparaître dans divers films, à l’image de Brothers. David O. Russell nous montre sa vision sur la première guerre du Golfe avec Les Rois du désert. D'abord comparé à MASH puis à Jarhead, le film est une sorte de comédie dramatique. Sauf que ce serait le catégoriser, ce qui est difficile dans ce cas précis. Concrètement on se retrouve face à différents niveaux de lecture avec un film de guerre, un film d’aventure, un drame et une comédie satyrique, soit un cocktail assez détonnant qui n’avait pas vraiment trouvé son public il y a une dizaine d’années, sans doute car il n’avait pas peur de mettre le peuple américain face à la réalité de cette guerre absurde gagnée par CNN. L’Amérique a toujours été fière de ses soldats, mais David O. Russell n’a aucun complexe à écorcher l’image des héros de la nation, et livrait pour l’occasion un film plutôt brillant mais qui n'est pas dénué de défauts notamment ) cause des deux parties du film très distinctes, qui n’auraient dû faire qu'une, et de certaines longueurs créant une monotonie. développe son récit qui s’articule principalement autour de quatre soldats foncièrement différents qui, à la fin de la guerre, décident d’enfin faire passer leur intérêt personnel avant celui de leur pays. Leur aventure prend l’apparence d’une simple chasse au trésor qui, on s’en doute rapidement, va mal tourner à grands coups de rebondissements inattendus. Si le film marche plutôt bien au premier degré, il parvient à aussi s'appuyer sur un savant dosage d’aventure, d’action et d’humour, c’est bien le sous-texte d’une intelligence et d’une férocité rare qui se trouve être le plus intéressant. Ainsi sont mis en avant quelques sujets importants liés à cette fameuse opération Tempête du Désert, événement plus médiatique qu’autre chose pour couvrir un pillage en règle comme savent si bien le faire les Etats-Unis. Le film est malheureusement trop contrasté par deux parties très distinctes : la première montrant la naïveté et l'ignorance des soldats et la deuxième, moins intéressante, qui se résume au final à un film de guerre banal sans grande originalité. On voit bien que David O. Russell veut accentuer la prise de conscience qu'ont les soldats lorsqu'ils voient la vraie cruauté de la guerre, mais il aurait dû garder la même atmosphère du début tout en changeant le comportement des soldats face à cet enfer et parvenir à dégager quelque chose. Sauf que malgré quelques scènes d'actions assez balèzes, on s'ennuie parfois. Au casting, il n'y à rien à dire, entre Mark Wahlberg toujours aussi excellent et Clooney et Ice Cube, incroyables. Pas de tête d'affiche et aucun personnage n'a un rôle plus important que l'autre, le réalisateur parvient à bien équilibré la fonction des acteurs. Film de guerre pas vraiment comme les autres, les Rois du Désert cache derrière un premier degré rafraîchissant, drôle et bourré d’action, une critique assassine et intelligente de l’interventionnisme américain au moyen-orient. O. Russell trouve là une bonne recette, qui aurait pu être plus originale connaissant le talent du réalisateur.