Le réalisateur Nicolas Servet s'est glissé dans la peau du psychothérapeute : « j’ai longtemps été tenté par cette profession, le psy que j’interprète est très proche de celui que je pourrais être si j’avais franchi le pas. Je crois savoir bien accompagner le franchissement du cap de la gratitude, cet instant un peu « magique » où l’on bascule de « à cause de » à « grâce à » tel événement de la vie, je suis devenu telle personne ».
Le dispositif de tournage a longuement été testé, notamment pour les questions d’éthique qu’il soulève. Cela étant, une grande confiance a été placée dans le réel : « Je redoutais l’artifice d’un scénario dans un domaine où l‘on cherche à saisir sur le vif ce qui échappe à tout contrôle. Je ne me voyais pas écrire de toute pièce lapsus et actes manqués : l’ironie de la vie a de toutes façons toujours le dernier mot »
Face à l’absolu est autant un documentaire qu'une fiction. Une des raisons ? Le choix des comédiens pour incarner les patients : « avant d’être des comédiens, ce sont des personnes. Je leur ai accordé des latitudes d’improvisation car l’exactitude des faits m’importait peu, c’est la vérité de l’âme que je voulais capter ».
Chose peu connue : la plupart des thérapeutes se font superviser par un de leurs confrères. L’envers du décor, « le psy chez son psy » a été tourné et devait initialement conclure le film. Ce volet intitulé « La toupie et le sablier », estimé trop didactique, a finalement été écarté au montage pour ne pas rompre l’émotion, le souffle du film.
Avec une carte blanche octroyée aux acteurs pour aborder des thèmes ressentis comme cruciaux, une belle surprise à l’arrivée : « le montage achevé, je me suis aperçu que j’avais réalisé, fort involontairement, mon auto-portrait au travers des leurs ». Un miroir troublant : « les tableaux que j’assumais les moins exposaient ma face cachée et ceux que je brandissais en avant, ma devanture sociale ».