Incontournable pour ceux qui, sans trop d'a priori sur l'Iran, s'intéressent à ce pays et, au-delà, au dialogue politique ou interreligieux.
Le film, un vrai docu, est un huis clos entre le metteur en scène, athée iranien déclaré, et quatre mollahs ; leur débat porte une société idéale (pour le metteur en scène) où chacun pourrait vivre selon ses propres convictions.
Aux dires mêmes de Mehran Tamadon(1), beaucoup d'iraniens n'aimeront pas le film. On le comprend ; à leurs yeux, en organisant ce dialogue, il est coupable de pactiser avec l'ennemi. Les quatre religieux sont du reste loin d'être totalement antipathiques -ils sont même parfois étonnamment tolérants-, ce qui troublera le spectateur lambda, mais horripilera ceux qui ont des idées arrêtées sur la République Islamique.
La femme, le voile et le sexe reviennent en permanence au cours des débats, et je ne crois que cela soit induit par le metteur en scène, mais bien par la méfiance obsédante de ces musulmans-là (tous ne sont pas comme ça) vis-à-vis des charmes féminins.
J'ai eu parfois envie de traiter de jésuites ces quatre religieux, et aurais aimé avoir le point de vue d'un religieux catholique sur ces dialogues.
Pour arriver à un consensus avec un adversaire, un diplomate doit chercher à le comprendre en oubliant ses propres partis-pris. Dans le cas présent, on comprend très bien nos trois mollahs, et on les trouve même parfois sympathiques, mais les chances de trouver un terrain d'accord avec eux sont nulles, dans l'état actuel des rapports de forces politiques.
Le film nous apprend cependant beaucoup sur nous, à travers nos propres réactions à leurs convictions.
St Aignan, 19 novembre 14
1) Lors d'une avant-première passionnante organisée par ''le Petit Casino'' de St Aignan (41), comme quoi, la campagne...