Niney, plus qu'idéal : indispensable. Un homme idéal, ce Pierre Niney, pour pareil thriller, qui lui doit finalement tout. On pense énormément au film The Words (2012) quand on commence l'intrigue de ce jeune auteur raté qui vole le manuscrit d'un homme disparu, et connaît un succès fulgurant, qui s'accompagne de nombreuses difficultés pour
garder son secret et tenir sa femme loin d'un maître chanteur...
Exactement la même histoire de base (une vilaine impression de redite, si vous avez déjà goûté au film avec Bradley Cooper), mais un tout autre traitement. Tandis que The Words nous prenait au cœur par l'histoire (tragique et sensible) de ses personnages, sans s'intéresser à la mise en scène une seule seconde, Un homme idéal fait le parfait opposé : il balaye ses personnages en un revers de main (qui semblent souvent peu creusés) mais soigne ses très beaux plans (l'habillage de dos de Pierre Niney qui remonte le long de sa nuque, le champ/contre-champ sur les visages des époux de part et d'autre de la piscine comme un duel de western en plein soleil...) et s'offre une bande-son envoutante (très belle composition musicale). On regrette vraiment que les personnages paraissent sortir d'un roman de gare (pour rester dans le thème) : d'emblée, on ne sait rien de cet auteur (son passé, ses passions, ses amis, sa famille) si ce n'est son obsession à la réussite (qui arrive vraiment trop tôt... La scène du blanco sur le mail imprimé, pour fonctionner, aurait dû arriver bien plus tard), et idem les personnages secondaires font papier-peint. Il manque une présentation, une acclimatation, à ce héros, dont le seul trait de caractère est cette obsession grandissante (trop vite), qui nous le rend indifférent. En revanche, on n'enlève rien à Pierre Niney qui prouve ses talents de dramaturge, donnant vie à son personnage avec intensité, pour un film qui n'aurait pas pu se passer de lui. On retient sa composition d'acteur qui est gorgée d'envie, la belle musique et la mise en scène très bien pensée, qui lui permettent de se démarquer visuellement - à défaut du scénario ultra-proche - du précédent The Words (qu'on lui préfère malheureusement). Pierre Niney reste tout de même brillant à chaque plan, plus qu'idéal, indispensable.