Un homme idéal de Yann Gozlan est loin d’être le thriller parfait. La lenteur n’est pas son seul problème, le scénario enfonçant des portes ouvertes, laissant l’impression que celui-ci devrait avoir trouvé sa fin au premier tiers du long-métrage. Ana Girardot, si émouvante dans La prochaine fois je viserais le cœur et incandescente dans Paradise Lost, est ici presque transparente tandis que Pierre Niney surjoue, donnant l’impression qu’il pose constamment pour une séance photo.
Matthieu Vasseur (Pierre Niney), déménageur, espère devenir écrivain mais chacun de ses envois essuie un refus des maisons d’éditions. Désespéré, il découvre, en vidant un appartement, les mémoires de guerre d’un appelé d’Algérie qu’il décide de plagier. Publié et porté aux nues par la critique, il épouse une jeune professeure de littérature, Alice Fursac (Ana Girardot). Le parfait amour s’étiole à mesure que Matthieu est pressé par son éditeur d’écrire un second livre. Ce dont il est incapable. D’autant plus qu’un ami de Vauban (Marc Barbé), le véritable écrivain, a reconnu sa plume et fait chanter l’usurpateur.
L’idée originale d’Un homme idéal aurait pu faire un bon film. Seulement voilà, le fil de l’action se déroule sans jamais surprendre. D’autant plus que la réalisation et la direction des acteurs trahit constamment les rebondissements. L’exemple le plus flagrant est certainement la suspicion outrancière de l’ami de sa belle famille, Stanislas Richer (Thibault Vinçon), à l’encontre de Matthieu, qui nous fait immédiatement penser qu’un drame se passera entre les deux hommes. L’image éculée de l’ancien petit ami jaloux ne permet pas de rendre la chose plus crédible. Ensuite, on peut bien sur mettre les erreurs de Matthieu sur le compte de la panique, il n’empêche qu’il se complique bien la vie alors que le premier impair qu’il commet pourrait être aisément déguisé en accident et qu’il pourrait même faire porter le chapeau à un autre et que le second pourrait-être considéré comme de la légitime défense. Rendant dramatique un scénario qui n’avait jusque-là de dramatique que son écriture, le ressort final du film n’arrive pas à nous rendre le héros pathétique plus agréable.
La réalisation classique d’Un homme idéal n’en est pas pour autant classieuse. Produit par TF1, le film ferait très bien la jonction entre Master Chef et Joséphine, ange gardien, possédant avant-tout l’aura d’un téléfilm de l’après-midi sur M6. Filmé dans les massifs du Cap-Sicié, Un homme idéal met encore moins en valeur ces magnifiques espaces que pouvait le faire un James Bond des seventies. L’essentiel de l’action se passera alors dans une somptueuse villa, elle-même réduite à un bureau principalement et dans les sous-sols d’un garage. Au final, on pourrait être sur la côte de la Floride, le résultat serait le même. Dernière interrogation, Matthieu Vasseur fait des cauchemars depuis qu’il a commis l’irréparable. Mais ces cauchemars sont surtout basés sur le fait qu’il redoute d’être confondu. Cet homme idéal n’a aucun remord… Comment voulez-vous qu’on s’y attache un tant soi peu ? Et puis, son amour inaltérable pour Alice, il lui tourne bien facilement le dos, pas une larme ne luit le long de sa joue. Froid comme le film, le personnage principal est si antipathique que le long-métrage le devient.
Un homme idéal restera dans les mémoires comme un film policier sans suspens, une romance sans amour, un drame sans émotions, incapable de transporter les spectateurs ailleurs que dans la BMW de beau papa.
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