e joli sujet que celui de l'imposture. Quand un certain Mathieu s'octroie des talents qu'il n'a pas et que la vérité lui court après d'une foulée régulière mais à l'inquiétante endurance...
Pierre Niney prouve une fois de plus dans "Un homme idéal", après sa performance dans le film de Jalil Lespert, Yves Saint Laurent, qu'il peut porter sur ses jeunes épaules le poids d'un long métrage à lui tout seul.
Mathieu, alias le jeune césarisé, rêve d'être écrivain. Ambition romanesque et originale, mais être édité quand on est un "manuscrit" parmi tant d'autres qui s'entassent dans le désordre de papier des maisons d'édition réclame souvent une part de chance, appuyée d'un soupçon d'audace.
Au hasard d'une journée de déménagement, qui constitue pour le moment le berceau de sa vie professionnelle, malgré une carure qui aurait mieux convenu à un job de stewart ou de vendeur dans un magasin de sapes branchées; Mathieu tombe sur le manuscrit d'un vieux monsieur, ayant juste rejoint le soi-disant au delà et se paie l'aplomb en apposant son nom en lieu et place de celui du défunt, de l'envoyer chez un éditeur, comme ça, au bluff.
Et un beau jour, son téléphone de poche retentit et un éditeur au bout du fil, sachant trouver les mots, le flatte en lui proposant un premier tremplin vers la notoriété qu'il escomptait, tout en déplaçant quotidiennement bahuts et frigidaires Smeg aux couleurs acidulées.
C'est parti pour Mathieu Vasseur, qui devient la coqueluche du monde littéraire; on lui sourit, on tente un bon mot, on le sollicite...Les cartons de déménagements et les ongles cassés ne sont plus qu'un lointain et poussiéreux souvenir, remplacés par un rutilant computer personnel américain censé recueillir l'inspiration et la gymnastique littéraire et affutée du jeune prodige.
Il n'en est évidemment que plus séduisant et la gente féminine se pâme face à ce jeune écrivain aux allures de gendre idéal. Alice, jouée par l'adorable Ana Girardot, charmée et crédule, tombe dans ses filets, toute admirative de son nouveau héros des dédicaces.
Dans une élégante Saab décapotable, les amoureux s'en vont roucouler sur la French Riviera, dans la confortable propriété des parents de la belle. Mais malgré le soleil azuréen, le chant des cigalons et la saveur des jus de fruits pressés, le stress saisit l'écrivain-copieur, gravement privé d'inspiration, pour le prochain ouvrage que son éditeur n'en peut plus d'attendre et tourmenté par l'intuition de personnages trop curieux de nature qui vont transformer sa soudaine réussite en un thriller inattendu.
Le réalisateur, Yann Gozlan, s'est inspiré de deux ou trois références du cinéma français des sixties, ne pouvant apparemment pas cacher son intérêt pour Alain Delon en nous offrant un film rythmé, vif, avec un ou deux "illogismes" dans le déroulement du scénario qui surprennent le spectateur, qui depuis le début du film se stupéfie de l'effronterie de ce jeune déménageur littéraire...