Voilà un thriller qui tient les promesses faites avec la bande annonce, « Un homme idéal », c’est 1h40 de tension sans beaucoup de temps pour souffler. Car s’il y a bien une chose qu’Yvan Gozlan a réussi, c’est de faire un film nerveux, au scénario bien huilé, qui enchaine les scènes et les moments de suspens sans que le mécanisme ne se grippe, à aucun moment. J’entends par là qu’à part deux ou trois scènes plus ou moins nécessaires ou qui traine un petit peu en longueur, il n’y a pas beaucoup de déchet dans « Un homme idéal ». C’est plutôt bien réalisé, avec quelques plans carrément inventifs (des jeux de miroirs intéressants et très à propos par exemple), la musique est discrète, bien utilisée. La majeure partie du film se déroule en Provence, sous un « plein soleil » de plomb, ce qui ajoute à la tension nerveuse. La casting est resserré et évidemment dominé par le très prometteur Pierre Niney, qui est de chaque scène, quasiment de chaque plan. Du coup les autres rôles sont assez (trop) peu écrits, y compris celui campé par Ana Girardot qui méritait sans doute mieux que la fille à papa un peu passive qu’on lui fait jouer. En réalité, le film parait plus long que les 1h40 qu’il dure mais ce n’est pas qu’on s’y ennuie, c’est juste que nerveusement, on est vite épuisé à la place du « pauvre » Matthieu sur lequel le piège de l’imposture se referme lentement mais surement : dés qu’il pense se sortir d’un mauvais pas, un nouveau problème le remplace : nerveusement il est à bout et le spectateur un peu aussi ! Pour être plus précise, pour que l’effet suspens joue à plein, il faut surement éprouver un peu d’empathie pour Matthieu, avoir envie qu’il s’en sorte d’une façon ou d’une autre or… çà n’a pas fonctionné sur moi. Ce personnage, je l’ai trouvé antipathique d’emblée et a aucun moment je n’ai changé d’avis. Sa faute initiale est pour tout dire quasi impardonnable, quand on aime l’écriture, la littérature, on écrit, on écrit pour soi seul si personne n’est intéressé mais on ne vole pas le travail d’un autre, qui plus est d’un mort ! La façon qu’il a ensuite de se faire des fiches sur la guerre d’Algérie pour donner le change, de voler des « jolies phrases d’écrivain » sur YouTube pour épater la galerie, c’est pathétique. Et puis le côté parvenu du type qui brule le fric sans réfléchir alors qu’il doit bien se douter que son éditeur va lui demander un deuxième roman de la qualité du premier et qu’il ne va pas pouvoir le baratiner longtemps, çà termine le tableau d’un pauvre type. Quand les emmerdes commencent à lui tomber dessus, on se dit, calé dans son fauteuil de ciné « Et ben çà, au moins, tu ne l’as pas volé ! ». Du coup, tout au long de l’intrigue, moi, j’ai eu bien du mal à vibrer aux mésaventures d’un mec dont le sort m’importait assez peu. Mais bon, peut-être d’autres spectateurs ont eu de l’empathie et se sont rongés les ongles de concert avec lui, allez savoir… Je reproche aussi au film d’Yvan Gozlan d’être efficace mais pas tellement original. Le coup du type qui doit sa réussite à une escroquerie et qui finit par le payer, ce n’est pas tout neuf : « Match Point » de Woody Allen par exemple, ou « Plein soleil » de René Clément, ou bien encore « Le talentueux Monsieur Ripley ». Au final, tout bien considéré et même si on passe plutôt un bon moment devant « Un homme idéal », le film n’apporte rien de vraiment neuf au sujet : les rebondissements ne sont pas bien originaux, on les voir même un peu arriver de loin. Et puis, on bonne amateur de thriller, et surtout de polars, j’ai bien été obligée de remarquer des petites choses incohérentes, des facilités scénaristiques qui doivent faire sourire les vrais flics et les vrais enquêteurs de scènes de crime ! La fin, 100% ironique, est elle plutôt bien vue et pertinente et elle donne un point final positif à un thriller efficace, à défaut d’être vraiment très original.