"Un Homme idéal" met en évidence un acteur idéal pour ce rôle étonnant d'écrivain usurpateur en la personne de Pierre Niney, et ceci de manière fort habile et inattendue...
En effet, qu'on ne s'y trompe pas ce film que nous propose là Yann Gozlan, est avant tout un thriller d'une efficacité nette, sèche et directe, tout comme l'est apparemment le style littéraire très remarqué de cet auteur présumé !
Et malgré les incohérences apparemment reprochées au film (mais on a vu largement pire), l'histoire est cependant très bien liée et le tout s'enroule et chemine diaboliquement, puis s'emboîte finalement comme un puzzle millimétré avec un art de "retomber sur ses pieds" superbement au point !!!
Pour ce faire, Pierre Niney est franchement excellent, fabuleux et surprenant dans la peau de cet écrivain, de l'homme hésitant et faible du début, en panne d'inspiration et plagiant un journal de guerre, à celui dépassé par les événements, devenu féroce et machiavélique dans le calcul de ses actes...
Toute cette folie est très bien palpable, elle est transcrite par son jeu qui va de la terreur, au sang froid et au calme retrouvés en apparence.
À ce titre, la transformation, voire la mutation de l'être est tout bonnement incroyable...
Et pourtant, tout se fait très doucement de fil en aiguille, par un manque de prévoyance ou de clairvoyance, par l'arrivée insidieuse de malentendus et de mauvais choix voire par la malchance, le jeune Mathieu voit ainsi son avenir doré sans issue virer simplement au pur cauchemar, telle une escalade sournoise vers l'enfer, à laquelle il n'arrive pas et ne se décide pas à mettre un terme !
Bien sûr, pour arriver à ce résultat, les procédés mis en place pourront sembler improbables et exagérés, mais force est de reconnaître que cet engrenage tient tout de même bien la route jusqu'à un dénouement fort qui manipule le spectateur lui-même !
Car quand on songe à cette fameuse fin, celle-ci laisse plutôt pensif par rapport à tout ce qu'elle sous-entend et tout ce qu'elle laisse à méditer...
Mais évidemment, on restera à fortiori discret et donc muet à ce sujet, mais les rebondissements de cette réalisation tombent tous à point nommé, pour nous tenir en haleine dans un état de frémissement remarquable à nous laisser totalement hébétés...
Les rôles secondaires sont ma foi, forcément nécessaires et utiles, mais bien moins intéressants que le héros lui-même, sauf celui de Stanislas, l'ami d'Alice (Ana Girardot), élément perturbateur et déstabilisant tout à fait bienvenu dans l'intrigue, et d'ailleurs très bien interprété par Thibault Vinçon.
Alors, une immersion totale dans la personnalité complexe et évolutive de Mathieu, écrivain trouble et dangereux, nous fera vivre une expérience tortueuse et à sensation qu'on n'oubliera pas de sitôt !