1er film solo signé Agnès Jaoui, auteur de nombreux scénarios avec son compagnon Jean-Pierre Bacri, Le Goût des autres est aussi son meilleur. Il obtint une pluie de récompenses en 2000, césar du meilleur film, du meilleur scénario, meilleur second rôle féminin et masculin. Excusez du peu. Il faut bien l'admettre, les "Baja"(qui n'ont qu'une scène ensemble), n'ont pas leur pareil pour croquer ces bobos dont ils semblent n'avoir que peu de sympathie pour eux. En effet, le patron, Jean-Jacques Castella tombe amoureux d'une actrice de théâtre. Seulement Castella, complétement inculte (il n'aime pas lire, n'aime pas les pièces en vers), se fera à de nombreuses reprises ridiculiser par les différents membres de cette troupe théâtrale tous profondément antipathiques. De là part d'Agnès Jaoui qui vient du théâtre, c'est une critique bien sentie et presque inattendue. C'est là que le film devient cruel, voire même sombre, et pose même une question philosophique : peut-on apprécier l'art tout en n'y connaissant rien ? La "plèbe" n'est pas mieux lotie. Manie travaille dans un bar et deale pour arrondir ses fins de mois, Bruno est le chauffeur de Castella qui vient de se faire plaquer et Franck Moreno, l'agent de sécurité de Castella, perd son job à la fin. Il y a insatisfaction permanente entre Castella qui, bien que patron, n'a jamais décidé de rien dans sa vie (pas même la déco de son appartement) et ces acteurs de théâtre qui se demandent s'ils vont pouvoir encore exercer leur métier. Personne n'est épargné. Dialogues brillants, fine analyse de cette faune pendant 1h40 qui ne lasse à aucun moment, malgré une mise en scène un peu plate, Agnès Jaoui gagne ses galons de réalisatrice dès son 1er film. Les spectateurs ne s'y sont pas trompés puisque Le Goût des autres a été le succès de cette année 2000 attirant + de 3,5 millions de spectateurs en salles.