Tout un chacun le sait : il n'est jamais chose facile que de critiquer un film bénéficiant d'un tel prestige. Et, ça l'est encore moins lorsqu'on l'a détesté du début à la fin. Pour ma part, le véritable défi n'est pas de critiquer négativement le film, mais de le critiquer en restant modéré dans mes propos. Allez, on y va. Bon, en gros, de quoi il nous cause ce film ? De la vie, tout simplement. Il brasse les thèmes inhérents à celle-ci. On pourra constater qu'il y a bon nombre de scènes se déroulant dans ce bar. C'est bien connu, c'est dans les bars, les cafés, les salons de thé etc que les petits tracas de la vie sont exprimés. On y blablate de tout et de rien. De telles scènes renvoient automatiquement au cinéma de Claude Sautet. Malheureusement pour eux, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ne sont pas Sautet. Et ça se ressent fortement. Tout ce dont on nous cause est d'une vacuité abominable. On ne ressent rien. Là où Sautet arrivait à faire vivre ce genre de discussions. Là, c'est plat, archi plat. Ensuite, si on s'attardait un peu sur la théorie véhiculée sur l'adultère ? Bon, en gros on nous dit que quand un mec s'envoie en l'air avec une autre femme alors qu'il est en couple, ça ne veut pas dire la même chose que lorsque c'est une femme qui le fait ? Ouais, mais en fait non, parce que, tout de suite après, on nous dit que face au sexe, les hommes et les femmes sont exactement les mêmes. Et ben dis donc, quelle profondeur de réflexion. Si on ne me l'avait pas dit, je ne l'aurai jamais su. Ironie bien sûr. Ce genre de réflexion, même un adolescent avec un quotient intellectuel de bulot est capable de se la faire. Donc, pour une approche ne serait-ce qu'un minimum intelligente de la psychologie masculine et féminine, on repassera. Venons-en à l'amour. Tout le long du film, on voit Jean-Pierre Bacri se plier en quatre pour plaire à une comédienne qui est aussi sa professeur d'anglais. Seulement voilà, les deux ne sont pas du même monde. L'un appartient à la bourgeoisie, l'autre appartient à la classe populaire, se demandant chaque mois si elle sera en mesure de payer son loyer. Que nous disent Jaoui et Bacri ? Que l'union entre ces deux mondes et compliquée ? Et bien, ils nous en apprennent des choses ces deux-là. Qu'est-ce qu'ils nous rendent intelligents. Ironie encore une fois. Quelle est la finalité de cette histoire ? Qu'il ne faut pas se fier aux apparences, sous peine de passer à côté de quelque chose de potentiellement beau. Donc, en clair, Jaoui et Bacri nous prennent pour des idiots ne connaissant rien à la vie. Le seul point positif que l'on pourra noter dans cette relation ultra barbante Bacri/Alvaro, c'est que, pour une fois, les rôles sont inversés: le bourgeois est une vraie bille en matière de culture, il n'y entrave rien. Alors que la femme de la classe populaire est raffinée. Enfin, ce n'est largement pas suffisant pour sauver cette amourette du néant. Ensuite, si on s'attardait un peu sur un personnage tout bonnement ridicule ? On va charger un peu l'épouse de l'industriel. Rarement j'ai vu un personnage aussi ridicule. Celle-ci nous dit que les animaux sont des êtres humains et que, tout comme les Hommes, ils ont aussi un coeur et une âme. Je ne conteste pas le propos, bien qu'il soit encore d'une simplicité affligeante. Seulement moi ce qui me chiffonne, c'est que là, la donzelle, elle est tellement stupide qu'elle est limite prête à nous dire que les légumes ont aussi une âme. Je n'ai rien contre les personnages ridicules, mais là, c'est quand même chaud. Alors, on va me dire "ouais, mais c'est fait exprès, c'est pour se moquer des bourgeois". J'ai bien compris merci, mais c'est quand même ridicule. Maintenant, on va se pencher sur une des dernières scènes: l'actrice de théâtre qui soudainement, se rend compte que celui qui la courtise n'est pas aussi arriéré qu'elle le pensait, se colle une balle dans le cigare. Jaoui et Bacri font un parallèle désastreux entre le rôle que doit tenir l'actrice dans la pièce et le fait que le prétendant, alors invité à la première ne se pointe à l'invitation. Le gusse était là, mais pas à la bonne place. En matière de parallèles minables, on tient là un sommet. De toute cette histoire, il n'y a absolument rien à sauver. C'est un néant cinématographique de tous les instants. On pourrait également débattre sur les dialogues, mais, au final, ils ne méritent pas qu'on leur donne cet honneur. Il ne suffit pas de placer deux ou trois gros mots ça et là pour faire de bonne répliques. Si c'était le cas, ça se saurait. On aurait pu trouver des trucs à retenir sur le plan technique, mais là aussi c'est une catastrophe complète. Mon dieu, mais quelle réalisation... plate comme la Belgique. Et ne parlons même pas de la mise en scène. Le film avance à un train de sénateur et se fait plombant dès les premières minutes. Echec cinématographique et échec technique, voilà un tableau peu glorieux. Mais, parfois, avec de la chance, on peut éventuellement saluer le jeu d'acteur. Et bien, c'est encore un échec. Seuls Jean-Pierre Bacri (et encore) et Gérard Lanvin (lui, c'est sûr) sont à retenir. Les autres sont transparents. Même Alain Chabat. "Le goût des autres", pour ma part, ne se résume qu'à 105 minutes de vide et d'ennui.