Juan Antonio Bayona. Moi, depuis « l’Orphelinat » ,ce seul nom, il suffit à me faire me déplacer dans une salle obscure. Alors c’est vrai, son « The Impossible » n’était vraiment pas top. Mais franchement : qu’importe ! Quand on démontre par un seul film à quel point on maitrise les codes du cinéma, on devient du coup un auteur susceptible de pondre un chef d’œuvre à n’importe quel instant. C’est donc pour ça que, moi, je suis allé voir ce « Quelques minutes après minuit », et le moins que je puisse dire pour commencer c’est que « Ouah ! Le Bayona, il maîtrise quand même vachement bien son sujet »… Bah ouais, il a beau avoir des airs de conte fantastique mainstream ce film, on ressent quand même assez régulièrement la patte du chef. Les exemples sont assez nombreux, ce qui fait que je ne saurais même pas vous en citer un. C’est d’ailleurs bon signe : un film aussi riche en mise en scène, ça se chérit. Malheureusement, c’est peut-être la seule qualité que je lui trouverais à ce film. Ce n’est pas que l’histoire ne m’a pas parlé (au contraire, j’ai même versé ma petite larme), ce n’est pas non plus le propos qui m’a posé souci, ni le rythme. Non… La vraie limite de ce « Quelques minutes après minuit », eh bah, c’est qu’il fait trop mainstream justement. Musiques, visuels, mises en scène : tout ça sent quelque peu le produit standardisé sans âme. Et je trouve que ça se ressent particulièrement quand surviennent les histoires narrées par le monstre. Pour le coup, le film opère un changement de forme, sollicitant des techniques d’animation très élégantes et audacieuses, et je trouve que – pour le coup – elles tranchent grandement avec le rendu basique de l’intrigue principale. C’est dingue qu’un mec comme Bayona n’ai pas su / ou pas pu imprimer une patte singulière à ce film. Je trouve même triste qu’au final, il semble se résumer à une sorte de « Labyrinthe de Pan », mais tous publics. L’atmosphère fantastique est plus lisse ; les récits racontés par le géant sont sans cesse surappuyés afin qu’on en comprenne bien la dimension métaphorique ; les situations dramatiques sont parfois émoussées de peur sûrement d’être trop dark… D’ailleurs, le fait que le film de Bayona suive d’aussi près l’intrigue du chef d’œuvre de Del Toro, je trouve que ça ne se fait vraiment pas à son avantage. (
Parce que oui, comme dans « le Labyrinthe de Pan », ce film raconte l’historie d’un enfant qui va aller se réfugier dans l’imaginaire afin d’échapper à de la dureté de sa condition. Comme dans « le Labyrinthe de Pan », l’enfant est initié par un monstre pas forcément rassurant. Comme dans « le Labyrinthe de Pan », l’enfant va être confronté à trois épreuves imposées par le monstre. Comme dans « le Labyrinthe de Pan », chacune des épreuves renvoie à une version déformée et allégorisée du quotidien de l’enfant. Comme dans « le Labyrinthe de Pan », les épreuves ne sont en fait que des parcours initiatiques permettant à l’enfant de l’accomplir face à ses difficultés.
) En cela, la démarche globale du film peut susciter des regrets. Quiconque aura déjà vu « Le labyrinthe de Pan » risque, comme moi, de ne pas se laisser surprendre par le film. De plus, s’ajoute à cela cette impression permanente que Bayona s’est bridé dans sa créativité. Mais bon, quand même, j’espère que cette liste de reproche ne vous fera pas perdre l’essentiel. Aller voir « Quelques minutes après minuit », c’est quand même aller voir un film bien mené, qui sait exprimer parfois quelques audaces visuelles et qui, surtout, possède de vrais bons moments. Un conte mainstream donc, mais un bon conte mainstream quand même. Moi, rien que ça, je prends…