Très très sceptique quant à la nécessité de ce remake, West Side story n'était pas dans mes priorités de sortie...Et puis, bon, après rumeurs de quelques très bonnes appréciations, je me suis décidée.
Et bien m'en a pris ! Le film a abattu toutes mes réserves, à mesure qu'il se déroulait.. Ça bascule complètement à partir de la scène du commissariat, qui est proprement géniale, d'inventivité, de rythme, de virtuosité et de profondeur. Cette histoire, venue du fond des âges semble agglomérer toutes sortes de problématiques au fil du temps : l'amour contrarié par une société dysfonctionnelle, les codes d'honneur et la loi vendettale, les problèmes de domination territoriale et d'intégration sociale, la gentrification des quartiers, le rêve d'une vie meilleure fuyant la misère, etc...etc... La mise en scène est somptueuse, que ce soit par ses perspectives, son montage, ses transitions, ses scènes d'ensemble ou intimistes, ses couleurs, ses lumières et ses ombres portées. Le choix de Rita Moreno, qui chante divinement et se retrouve dans une scène, face au rôle qu'elle interpréta un demi-siècle plus tôt, est une idée bouleversante, qui devrait ravir Hollywood. Les chorégraphies sont dignes des meilleurs musicals américains, toniques, enlevées, flamboyantes - surtout dans la rue, qui est un éclatement du cadre et du ghetto où l'on veut circonscrire ces bandes de déclassés magnifiques - les acteurs, enfin, sont tous convaincants, du couple central pleinement romantique, aux caractères de voyous enragés et pathétiques, en passant par les cops et les figures secondaires, parfois décisives. Mention spéciale pour Maria et Anita, sublimes dans leurs passions tragiques, auxquelles ce scénario plein de revirements en cascade (Merci, Shakespeare !) confère une intensité inégalée, jusqu'au crescendo final. Constat sans appel sur l'incommensurable gâchis d'une violence humaine systémique, West side story reste et demeure, un chef-d'œuvre, fut-il de Wise ou de Spielberg.