Un film atypique que ce "Youth". On va le voir comme on déguste un vin capiteux à la robe soyeuse. Dommage que de fausses notes de mûres trop mûres gâtent le nectar.
Paolo Sorrentino met en scène une poésie foutraque, une ode à la vie via un conte bariolé et baroque versant dans l'absurde.
Sa caméra caresse les corps, les embellit ; les abîmés, les pulpeux, les cassés, les fragiles, les sublimes, les vieux, les jeunes... Tandis qu'une bande-son merveilleuse illumine l'atmosphère.
Les acteurs sont au sommet de leur art. Harvey Keitel et Michael Caine compose un duo savoureux. Quel bonheur de voir ces deux acteurs interagir et parler de leur prostate, de leurs vies passées, présentes et futures.
Paolo Sorrentino additionne les images de génie et les clichés éculés du cinéma d'auteur à l'européenne tour à tour moderne et kitsch.
Et pourtant, il n'en manque pas de saveur ce film. Il a cette petite once de charme qui enflamme la rétine
Même si le microcosme est riche et artiste dans le film (ça doit pas être donné la balnéothérapie en Suisse…), le sujet est universel.
Mosaïque de scènes artistiques, kaléidoscope humaniste, Sorrentino nous offre du temps. Celui de la réflexion. Réflexions sur le temps qui passe, les regrets, les souvenirs, les remords.
La vieillesse est elle inéluctablement triste ? C'est comme la vie, tout dépend de ce que tu en fais. Tu peux dévorer le temps qui te reste, grignoter goulûment chaque bouchée en en sublimant chaque instant ou le laisser te submerger dans l'attente du dernier soupir, le cul collé sur une chaise.
Le sexe reste une obsession du réalisateur. Le sexe qui nourrit les corps. Le sexe qui répare les chairs, apaise les douleurs. Le sexe comme un baume délicatement posé sur les âmes défraîchies. Les corps encore. Ceux qui s'apaisent, ceux qui crient famine, ceux qu’on étreint…
Sorrentino nous propose un univers onirique où on aperçoit Maradona (son sosie) qui déambule avec son corps lourdaud dans les couloirs de l'hôtel, un moine bouddhiste qui cherche l'élévation, une Miss Univers qui en plongeant dans les bains permet à l’homme de tutoyer Dieu quelques instants dixit le personnage incarné par Harvey Keitel. Je vous mets l'extrait en question sur le site bande de veinards.
Youth est un bain de jouvence avec un arrière-goût de naphtaline. Pas aussi réussi que la bande-annonce le laissait supposer et en même temps, les deux heures qu'il dure passe comme un souffle sur la joue. Une curiosité. Un moment hors du temps.