Le sujet de ce long s'impose directement, dès la toute première scène. De par les trous de la portière se dégagent des fluides de lumière. Nous sommes dans un pays en guerre. Le métier de photographe de guerre est comme la bombe qui est accrochée, telle une ceinture de sécurité, sur la jeune femme qui servira de cobaye pour tenter d'éliminer quelques points stratégiques. Et c'est donc de par son intensité que Binoche s'immole de par sa passion, jusqu'à en souffrir et n'en plus respirer. À elle seule elle porte une oeuvre qui restera puissante tout au long, mais qui, malheureusement, perdurera sur le même et unique plan : celui de la famille, de l'union et du devoir de mère. Ce dernier, ordonné par une relation de couple tumultueuse, se fera tel un combat face à un titan, tellement que la Rebecca du long ne peut vivre sans son unique passion, jusqu'à envoyer son corps dans une zone instable en compagnie d'une kamikaze.
Et c'est bien l'un des problèmes du film : il n'est pas assez présent sur le champ de bataille d'un personnage métamorphosé et idyllique, Erik Poppe ne va que raconter certains "déboires" dans la vie affective d'une épouse et d'une maman, sans pourtant se rapprocher du point central du problème : la difficulté du métier jusqu'en l'intimité d'une personne.
On est bien sûr touché, mais était-ce assez, les scènes censées faire prolonger l'émotion n'étant que de vulgaires trampolines faisant rebondir toujours les mêmes idées de mise en scène?
Les deux filles, interprétées par Lauryn Canny et Adriana Cramer Curtis, ne réussissent qu'à grande peine leurs boulots principaux : soit dépeindre une réalité (l'adolescence tourmentée), soit amuser la galerie (Curtis possédant de nombreuses "punchlines humoristiques" et pourtant pas très drôles vu qu'elles surviennent en plein drame existentiel d'une quinquagénaire à bout de souffle). Pire encore, l'adolescente ira jusqu'à prononcer les termes les plus cruels envers sa propre mère, en lui disant qu'elle aurait dû mourir pour moins qu'elle souffre. Ce n'était pas censé être une famille soudée?
Enfin certes, Rebecca est une mère de famille peu investie car la plupart du temps absente, mais elle n'a rien fait de mal! Elle veut juste pratiquer sa passion avec l'accord de son mari (chose très utile, vous me direz) et se débrouiller au mieux pour offrir un futur à ses enfants et à son couple... Alors que là, sa famille lui crache carrément et directement à la gueule, le mari la repousse, ses enfants commencent à la haïr...
Jusqu'où allons-nous aller dans le l'exagération de haine? Le scénariste ne s'est pas t'il pas dit qu'il allait trop loin? Voici donc encore une chose qui plombe l'oeuvre dans son entier, l'interminable acharnement qu'il y'a sur le personnage interprété par Binoche...
Et pourtant, la mise en scène délivre quelque chose, mais à force de se répéter dans ses plans, de faire revenir le spectateur au point de départ, l'histoire se perd avec elle-même pour, au final, ne faire face qu'à un déluge de larmes obtenu avec une grande source de simplicité... Une oeuvre larmoyante, saoulante et barbante, mais qui mérite d'être vue pour son actrice qui se donne à fond et son sujet révoltant.