La peste noire est dans Florence, en cette fin de première moitié du "Trecento". Comme un peu partout en Europe, où elle causera des millions de morts. Boccace rédige, entre 1349 et 1353, un volumineux recueil de 100 nouvelles, le "Décaméron". Ces récits sont ceux, oraux, de 10 jeunes gens (3 garçons, 7 filles) qui ont fui la cité toscane et l'épidémie, pour la campagne (chacun devant livrer aux autres 10 histoires - le thème imposé est l'amour, sous toutes ses facettes). Les frères Taviani en présentent 5, dont 1 seul vraiment satirique (et comique), 1 en partie drolatique (l'histoire de Calandrino - alias Kim Rossi Stuart, lequel peine à s'enlaidir pour les besoins du rôle...), et les 3 autres héroïques et tragiques (la dernière histoire est déchirante à souhait...). Le tout, titré "Maraviglioso Boccacio" (devenu, pour la sortie française, un plat "Contes italiens"), avec un (assez long) prologue présentant la situation à Florence en une suite de tableaux saisissants, la fuite des "conteurs" futurs et leur installation dans une thébaïde, loin de la pestilence, et un épilogue, au contraire très bref (voire abrupt). Les deux octogénaires ont réalisé une oeuvre classique ("académique", persifle le boboland), d'une grande fraîcheur stylistique, et d'une extrême perfection formelle (cadres sublimes, décors naturels exploités avec opportunité, costumes remarquables, Rossini et Verdi excellemment alliés avec le compositeur attitré des cinéastes depuis "César doit mourir", leur neveu Giuliano, etc.). L'aréopage juvénile déçoit un peu au niveau de la justesse de l'interprétation, mais les saynètes sont, elles, servies par de bons - et souvent chevronnés - interprètes (comme Jasmine Trinca, Michele Riondino ou Ricardo Scamarcio - empâté..., outre KRS, déjà cité). Une oeuvre de qualité, globalement.