Le film "Des Apaches" sent l'autofiction. Nous voilà plongés dans un univers sociologique, sans doute très proche de celui de l'auteur, particulier et secret, celui des kabyles. D'ailleurs, l'œuvre démarre sur une introduction pour le coup très anthropologique, qui présente, d'une voix monotone, à la manière d'un reportage, les us et coutumes d'un village en Algérie, organisé en communauté a priori démocratique. Cette introduction, très étonnante, est essentielle pour comprendre l'histoire toute entière. Samir, un jeune-homme parisien, vient de perdre sa mère qui l'a élevé seule. Il est rattrapé par son père qui souhaite l'associer, en tant qu'aîné, à une tractation immobilière qui doit d'abord se régler en communauté, avant de trouver une issue officielle. Le propos est intéressant, certes. Pour autant, derrière cette histoire d'omerta et de communautarisme, Nassim Amaouche, le réalisateur, engage une sorte de déclinaison très lente de sa propre enfance, fondue au présent de la narration. Sa mère, Jeanne (interprétée par Laëtitia Casta, juste très belle), est aussi l'amante rencontrée dans un hôpital. Le petit Samir est aussi le compagnon de tristesse du jeune-homme, le soir dans son appartement. On voyage dans l'univers feutré des commerçants kabyles au cœur de Paris. André Dussollier interprète une sorte d'entremetteur au milieu de ces gens sans qu'on parvienne vraiment à comprendre pourquoi les tenanciers de bars lui donnent autant de place dans leurs affaires, qui, si l'on en croit l'introduction, engagent la communauté et l'honneur villageois. Il y a du Proust là-dedans sinon que le monde que le réalisateur décrit n'est pas celui des salons mais des kabyles à Paris. Le film est souvent long, trop long, et s'il y a de l'idée, le concept général n'est pas assez convaincant. L'histoire d'amour file devant les yeux et échappe à l'attention du spectateur, tant la narration s'embourbe dans une série d'invraisemblances narratives et complaisantes.