Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges prennent possession de Phnom Penh, obligeant tous ses habitants à partir à la campagne, sous prétexte de bombardements, d’abord avec leurs propres voitures puis à pied. Lors de la traversée d’une rivière, Sovan, 4 ans, se perd dans la foule, suivi par sa grand-mère tandis que ses parents, Chou (voix de Bérénice BEJO) et Khuon (voix de Louis GARREL) perdent sa trace et sont transférés dans un camp pour effectuer, sous la contrainte, des travaux dans les champs (plantation de riz). Le film raconte leurs vies séparées
jusqu’à leurs retrouvailles en avril 1978 et leur fuite en Thaïlande, quelques mois avant la chute du régime après l’entrée au Cambodge de l’armée vietnamienne
. Cette période noire du Cambodge est assez bien documentée au cinéma avec l’excellent film « La déchirure » (« The killing fields ») (1984) de Roland Joffé, « Le temps des aveux » (2014) de Régis Wargnier (sur l’emprisonnement de l’anthropologue François Bizot par Douch, futur directeur du centre de torture S-21) et les films (de fiction et documentaires) de Rithy Panh. Rien de nouveau avec ce film d’animation qui raconte une histoire individuelle, celle des parents du réalisateur (le film est dédié à sa mère et son frère) avec des personnages dessinés dans le style de la ligne claire, de superbes paysages, ciels et couchers de soleil et le parti pris de ne pas montrer la violence, toujours hors champ. C’est le point faible du film qui, indirectement, atténue l'horreur du régime et de ses affidés, d’autant moins compréhensible que l’histoire n’est pas la vision unique de l’enfant qui a perdu ses parents. Plus de 40 ans après les faits, le film, malgré ses défauts, a le mérite de rappeler cette tragédie (génocide ?) et qu’il faut se méfier de ceux qui veulent changer l’Homme, le purifier par son autocritique et faire son bonheur sous l’égide d’un Etre Suprême (ici l’Angkar, émanation du Parti Communiste Cambodgien).