Quel étonnement de voir Denzel Washington tourner dans une suite de l’un de ses films. C’est en effet une première pour l’acteur américain. Pourquoi avoir choisi « Equalizer », thriller d’action en forme de film de vengeance, habilement réalisé et maîtrisé sorti il y a deux ans ? Tout simplement parce que c’était certainement le long-métrage dont l’histoire était la plus apte à se voir décliner en suite, voire en saga. Et qu’il avait développé une aura certaine auprès du public après un beau succès en salles. D’ailleurs, de la même époque, les deux « Equalizer » peuvent se rapprocher d’une autre série de films du même genre (vengeance et justice, personnage central au charisme indéniable, scènes d’action sèches et mémorables, passé trouble à découvrir, …), en l’occurrence celle des « John Wick ». D’un niveau qualitatif encore supérieur, les films d’action avec Keanu Reeves sont en effet un peu le pendant plus jeune et mythologique des « Equalizer », peut-être plus sage et destiné à un public plus âgé. Dans tous les cas, ils représentent un souffle d’air frais dans le cinéma d’action venu d’outre-Atlantique. Mais ici, de la même manière que pour John Wick, cette suite est globalement réussie mais ne bénéficie pas de l’effet de surprise du premier. Ce second round est tout à fait honorable et distrayant mais il n’arrive pas assez à innover ou surprendre comme devrait le faire un second opus. Il a toutefois l’avantage de ne pas verser dans la surenchère idiote et vaine.
En revanche, on peut encore une fois saluer la royale incarnation de ce justicier par Denzel Washington. Cet acteur pourrait lire de la poésie ou chanter de l’opéra qu’il serait encore crédible et magnétique. Il est doté d’une aura et d’une classe indéniable et rare dans le monde du cinéma. Il parvient aussi bien à faire passer de l’émotion, de la sagesse et être pertinent dans des scènes d’action musclées malgré son âge. L’ange gardien repenti, imbibé de morale et obsédé par la justice qu’il incarne est donc toujours vraisemblable. A partir de là, il peut nous emmener où il veut. Au niveau de l’histoire en revanche, on aurait aimé que l’intrigue principale soit moins classique voire tristement triviale, hormis un final dont le contexte météorologique est un plus inattendu. Par exemple, on n’est absolument pas surpris de l’identité du méchant ou de l’issue de tout cela et le fait que le scénario s’éparpille dans différentes histoires secondaires n’est pas néfaste à cette séquelle mais rend l’ossature de base encore plus accessoire. Néanmoins, ces sous-intrigues montrent bien que c’est tout à fait le genre de personnage qui pourrait être décliné en série (le passage en Turquie, celui avec les golden boys abusifs, …). Et si la tonalité choisie est parfois sentencieuse, on marche tout de même. Quant à la réalisation d’Antoine Fuqua, elle est fluide et lisible, notamment dans quelques combats rapprochés de qualité ou des séquences d’action bien senties comme celle, impressionnante, dans l’habitacle de la voiture (un peu pompée sur celle de « Kingsman 2 » ou « The Raid 2 » en moins fou mais plus plausible). Cette suite est donc un bon divertissement du samedi soir, loin d’être honteux, mais dont on préfère tout de même l’original, plus surprenant.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.