La bande-annonce laissait supposer un navet racoleur. C'est un peu mieux que ça :
D'abord parce que le film ambitionnait d'être malsain et que malgré un pitch médiocre, il y arrive :
Au fond, ces zonardes nous plongent en pleine lutte des classes, en amenant avec elles toute la haine et la folie de leur propre monde dans celui de cet architecte a qui tout semble réussir excepté peut-être le côté aventureux de sa jeunesse qu'il a dû laissé derrière lui. J'ai aimé cet aspect-là de deux mondes qui entrent en collision.
Ensuite, contrairement à ce que beaucoup ont pensé, je n'ai rien de spécial à redire sur le jeu des actrices / acteurs : Tou(te)s arrivent à sortir plutôt correctement l'épingle de leur jeu compte tenu d'un personnage masculin principal un peu trop fade et d'un scénario parfois peu vraisemblable qui leur a été donné à jouer
( Les filles ont de si gros sabots lors de leur drague que ça aurait forcément dû inquiéter un peu plus ce riche architecte : Lui qui a du travail, et qui guette leur taxi minute après minute, étonnant qu'il ne se soit pas arrangé pour qu'elles soient prêtes à temps... Et, également, à plusieurs reprises, il aurait dû pouvoir les maîtriser, même si l'excuse d'une blessure est donnée : Ne serait-ce qu'avec des coups de tête, en particulier après la mort de l'impressario, ce qui devrait le flipper beaucoup plus )
Rien de transcendant non plus, quelques ratés dans le regard même, mais, pour tout dire, contrairement à l'avis général, il m'a semblé ne jamais avoir vu un Keanu Reeves aussi expressif dans ses précédents films ! :P
Reste un gros point noir : L'absence de scénario... Ou plus exactement, non, les vagues tentatives de faire croire qu'il y en a un... Car si le film avait carrément assumé son absence de scénario pour mettre en scène la folie des deux filles, je lui aurais mis 1/2 étoile de plus (!)
Mais là, le film est carrément malhonnête, limite pédant... Il essaye de faire croire qu'il est plus intelligent qu'il ne l'est :
...Donc, d'après les auteurs... Les zonardes espionnaient l'architecte dans l'intimité de sa chambre avant même de s'incruster, et sont même capables de retranscrire ses conversations ? Comment auraient-elles fait ça ? Avec du matériel et des connaissances informatiques ou d'espionnage de pointe ? ça ne corresponds pas du tout au profile d'itinérantes sans attaches et sans bagages ( pas seulement des zonardes, mais des zonardes en cavale qui passent d'un état à un autre en urgence puisqu'elles n'en sont pas à leur coup d'essai ) ! Quelqu'un d'autre, leur acolyte mentionné pour être capable de faire disparaître des corps, l'aurait fait pour elles ? Cet acolyte est un zonard, lui aussi, qui les suit d'Etat en Etat ? Comment se serait-il introduit chez l'architecte ? Quand ? Quels seraient les motifs de cette tiers personne puisque l'argent n'est jamais mentionné et que seule la haine des filles envers les hommes / riches / pères / infidèles semblent expliquer leur geste. Bref, cette amorce d'intrigue est avortée dans l’œuf dans le meilleur des cas, et complètement invraisemblable dans le pire des cas, mais "de trop", de toute façon.
...Et va d’invraisemblance en invraisemblance
( A aucun moment l'architecte n'indique quand sa famille doit rentrer : Les filles ne devraient pas être aussi à l'aise ! Qui plus est, elle se se filment et laissent des traces d'ADN partout... Et pourtant leur cavale semble durer depuis longtemps ? )
...A tel point que la mise en scène pourtant soignée et le rythme suffisamment soutenu ne parviennent pas à sauver le film car on n'y croit plus vraiment avant la fin. Dommage.
Ce n'est pas un navet, mais un film moyen :
Un film avec assez de qualités pour être bon... Mais raté à cause de ses défauts.