Grandiose ! Grandiose ! Grandiose ! Partez, toute suite au cinéma et ne lisez plus cette critique. Il y a quelques années, je suis tombé sur Into the Wild. Ce film de Sean Penn m’avait beaucoup touché car les valeurs que le cinéaste essayait de transmettre étaient belles et le rythme plaisant. Aujourd’hui, j’ai trouvé un nouveau road-trip digne des plus grands : Captain Fantastic. Je ne sais pas par où commencer et quels mots mettre dans cette critique tellement ce film est complexe et complet.
Avant d’évoquer le contenu, je souhaiterai souligner la performance magistrale de Matt Ross et de toute sa troupe. En termes de réalisation certaines scènes sont vraiment splendides. Il joue admirablement bien avec la lumière, les rayons du soleil et sur la perspective de l’environnement ; ce qui offre un visuel de qualité. Je vais passer le jeu d’acteur puisque je pense qu’on en a déjà assez parlé, pour me diriger désormais vers le fond sonore. La bande son est juste parfaite ! Le choix des musiques donnent du sens à chaque propos du réalisateur. Lors de leur départ en voiture, on a par exemple l’hymne écossaise sur le thème de la bravoure, dans le supermarché, on a une petite référence à Titanic de James Horner puis à Rebel Girl de Bikini Kill. Je pourrai vous citer d’autres passages où la musique joue un rôle important dans cette œuvre, mais cela risque d’être long.
C’est désormais au tour du résultat final, du contenu proposé par Matt Ross. Son scénario est exemplaire. Il évoque des sujets forts et intellectuellement profonds. C’est difficile d’aller vraiment loin dans cette critique sans spoiler, donc je vais en parler de manière très large, mais sa vision du monde est originale et prenante. Il y a par exemple une scène où au lieu de fêter noël, il fête le « Noam Chmsky day. » Pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est un très grand penseur/philosophe américain qui fait partie des grands partisans du mouvement anarcho-syndicaliste. Ce côté décalé de la réalité qu’on verra à de nombreuses reprises dans ce film fait rire et en même temps, si on n’est pas juste un spectateur lambda, il permet également de réfléchir sur notre façon de vivre ou sur notre marginalité.
Seules les deux dernières scènes me dérangent. Il se bat pendant tout le film sur ses convictions et il avoue – au final – un certain échec. S’il ne met pas tout dans le même sac, il arrondit les angles. Il semble se diriger vers un système entre ses deux mondes où il confirme certains problèmes humains dans son utopie. Je comprends ce choix d’offrir une ouverture sociétale après les péripéties que les personnages principaux ont vécu – car cela peut offrir des choses importantes aux enfants – mais au final la conclusion est peut-être trop facile. Au lieu de continuer dans sa logique et dans son idéologie le cinéaste dit : « Okay, c’est vrai que ce n’est pas parfait, il faut trouver un juste milieu, mais ça ne sert à rien de se battre indéfiniment, au final, on ne peut rien faire, on ne peut pas changer les choses, il faut vivre avec. » Je trouve ça dommage que le manque de compréhension humaine emmène à cette conclusion plus fataliste. Bien que Ben offre toujours sa propre éducation à ses enfants, son choix de les laisser découvrir le monde capitaliste va à l’encontre de ses convictions de base. Il critique les méfaits de cette pollution intellectuelle sur l’humanité et au final il laisse les enfants se faire influencer, car oui même s’ils ont une autonomie morale de par leur père, l’environnement social déteint également sur la personnalité.
Cette œuvre essaye d’avoir du sens sur plusieurs thèmes et il y arrive (malgré la mini-critique de fin). Je ne peux pas en dire plus, pour ne pas vous gâcher votre séance, mais c’est le genre d’œuvre qui mérite une visibilité plus large. Car oui, ce film ne va pas faire un box-office au niveau d’un Avengers ou d’un Jurassic World pourtant quand le cinéma met un peu de côté le divertissement pour offrir un message, c’est à ce moment-là qu’il faut se précipiter dans les salles obscures. Si vous n’avez toujours pas vu ce projet fantastique de Matt Ross, foncez, c’est mon chouchou de cette année 2016 !
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