Maitrise des conditions de survie et de subsistance, apprentissage de l’harmonie avec l’environnement comme avec les arts, la poésie de la vie, l’amour des choses, des animaux et de leur clan, lucidité aboutie des conceptions spirituelles et politiques, excellence dans la pratique d’une foule de sports, et dans un savoir scolaire universel digne de génies en toutes matières. Cet idéal de perfection, totalement dépourvu de superficialité et de virtuel, habite une famille, composée d’un père et de ses six enfants et adolescents, grâce au fait qu’ils aient toujours vécu isolés dans leur campement, perdu dans les forêts montagneuses de l’Idaho, en rupture volontaire avec le monde conventionnel, et grâce à une discipline de fer, nécessaire pour nager dans le réalisme dangereux de cette vie.
A l’occasion de la mort de la mère, ils gagnent la « civilisation », rejoignent les belles-familles pour les obsèques, où bien sûr chacun sera confronté à l’incompréhension et au choc conceptuel à propos d’absolument tout, deuil compris, et d’où émergeront forcément des tensions, surtout si les enjeux touchent à l’héritage et l’éducation des enfants.
Cette épopée brillante, magnifiquement familiale, puissamment philosophique, fantastiquement révélatrice de nos sociétés de débiles physiques, mentaux comme affectifs, a également l’intelligence de ne pas épargner l’inadaptation sociale, l’incohérence sociétale ou l’isolement trop fumeux et théorique de ces merveilleux fous, adeptes de cet idyllique mode de vie inspiré par les Indiens, la République de Platon ou les mondes idéaux de Voltaire ou de Rousseau.