Tout commence par la vue d’avion d’une forêt dense, sauvage, aux couleurs vertes et chatoyantes. On se sent bien, presque zen, planant. Et puis vient une première scène et des personnages surprenants. Le ton est donné, on sait d’office que si le film tient ses promesses, on va passer un moment d’exception...
Pourtant, franchement, avec un titre pareil, un thème écolo et un synopsis que beaucoup vont qualifier de bobo, « Capitaine Fantastic » risque d’avoir du mal à attirer des spectateurs.
Je vous le dit de suite, ça serait fort dommage de ne pas savourer les 2 heures de ce joyau.
J’ajoute que le film est loin d’être parfait, qu’il est parfois inégal et qu’au final on s’en moque tant on ne retient que ce que l’on a ressenti et qui vibre et résonne encore longtemps après la projection sur grand écran.
D’un point de vue technique, le film est joliment mis en image, il est aussi très lumineux (soleil très présent) avec des couleurs saturées et plaisantes.
Les acteurs sont tous -mais absolument tous- parfaits, si Viggo Mortensen est juste impeccable, sa « troupe » d’enfants de tous les âges sont eux aussi de grands acteurs.
La cohésion entre eux est telle que l’on croit à leur parenté. Et puis quels enfants ! Hauts en couleurs, hors du commun et attachants au possible.
Le scénario et les dialogues sont très intelligents, souvent fins sous de faux airs de rustre et c’est partit pour un voyage en bus qui prends des allures de grand huit émotionnel. On rit à gorge déployée autant que l’on pleure à chaudes larmes, on adhère autant que l’on rejette, on passe de l’un à l’autre avec une simplicité déconcertante !
Les nombreux principes d’éducation, les philosophies exposées ainsi que le coté alternatif ne peuvent pas remporter une adhésion complète et c’est là la force ultime du film.
On vous demande de vous laisser porter puis on vous secoue et c’est alors que vos repères sont ébranlés afin de, je l’espère, vous ouvrir de nouveaux horizons, sans jamais diaboliser un système plus qu’un autre. Si l’éducation de ce père hors norme est montrée dans ce qu’elle a de plus beau, elle n’échappe pas à ses propres limites, elles aussi exposées.
Vous allez vous en poser des questions et allez passer d’un côté à un autre comme on le fait dans la vie. Errance, cheminement, convictions et doutes…
Au final, qui pourra critiquer cette belle humanité, cette sincérité jusque dans le doute… Oui c’est une belle fable sociale, utopique et pourtant réaliste, saupoudrée d’un humour espiègle et de dialogues croustillants, et quoique l’on puisse critiquer dans les modèles éducatifs, on ne peut qu’admettre le regard lucide et tranchant porté sur l’Amérique (mal bouffe, surconsommation, niveau scolaire, pouvoir des sociétés…) est donc, sur notre monde.
Clairement un des meilleurs films de ces dernières années à ne manquer sous aucun prétexte.