"Nos femmes" d'après la pièce de Éric Assous, permet dans un premier temps d'avoir le vent en poupe à Daniel Auteuil après le film "Entre amis" actuellement à l'affiche...
Mais ici, son jeu n'a strictement rien à voir tant sa prestation est excellente dans une comédie au vitriol et donc grinçante à souhait, qui le fait sortir de ses gonds magistralement !
Cette soirée entre copains dont l'un Simon, arrive en annonçant qu'il vient de commettre l'irréparable, va être un véritable choc révélateur pour chacun et en particulier et paradoxalement pour ceux qui reçoivent la terrible nouvelle comme un véritable fardeau.
Car c'est bien Max et Paul qui sont sous le microscope, par l'analyse de leur comportement et de leur ressenti face à cet aveu dont ils ne savent que faire !
Toutes les interrogations vont émerger, toutes les possibilités vont défiler avec quelles attitudes envisager face à un ami devenu subitement un meurtrier...
Et franchement à ce niveau, on se régale de ce que l'un pense pendant que l'autre envisage autre chose, ou même le contraire absolu...
Aider, trahir, cautionner, dénoncer,... tout est soupesé, décortiqué pour devenir une remise en question très profonde de nos deux larrons et les renvoyer ainsi à leur propre vie, leurs propres faiblesses et leur propres mensonges !
Chacun pense au fond que la vie de l'autre est plus intéressante avec ce sentiment de jalousie sous jacent qui va faire exploser les non-dits, la rancœur et les reproches...
À ce petit jeu, Richard Berry est très bon également et tient ainsi la dragée haute à Daniel Auteuil tandis que Thierry Lhermitte est plus sacrifié et pour cause...
Ça crie, ça hurle et ça gigote dans tous les sens, ce qui fait que certains aimeront peut-être un peu de retombée ou de silence comme un souffle utile pour mieux repartir, comme si un sentiment d'en faire presque trop pourra être perçu, et en même temps c'est toute cette démesure qui reste fascinante !
On pense alors inévitablement à d'autres huis-clos où le dérapage était de mise avec justesse et talent, comme "Le Prénom" de Alexandre de la Patellière ou "Carnage" de Polanski...
Après cette nuit blanche fatigante aussi bien que pour ces personnages, donc ces acteurs et même pour les spectateurs qui en ont tant entendu, l'apparition du petit matin fait presque du bien sous ce soleil apaisant...
Un film très violent sur le fond et pas très drôle en fait, même si l'on rit nerveusement de voir ces trois hommes aller jusqu'au bout de tout ce qu'ils ont pu contenir ou ravaler...
La prestation des comédiens en est d'ailleurs assurément le point fort !
Une réflexion assez profonde sur le sens de l'amitié et de la vie, plutôt inattendue et même complètement insoupçonnée au préalable !