Ce lundi 13 avril, nous avons pu assister à l’avant-première du dernier film de Richard Berry, en présence du réalisateur, disponible et agréable. Adapté de la pièce éponyme d’Eric Assous, compagnon de route de l’acteur, Nos femmes réunit Daniel Auteuil, Richard Berry et Thierry Lhermitte, dans une comédie efficace, fort bien écrite, entre éclat de rire et réflexion sur l’amitié, dont l’adaptation n’a pas diminué la puissance théâtrale.
Paul (Daniel Auteuil), un rhumatologue enjoué, Max (Richard Berry), un radiologue blasé et Simon (Thierry Lhermitte, que l’on avait retrouvé dans le navrant Benoît Brisefer et les taxis rouges), coiffeur un brin escroc sont de vieux amis fidèles. Un soir, Paul et Max attendent Simon pour une partie de carte. Ce dernier arrive avec quarante-cinq minutes de retard et une terrible nouvelle : il a assassiné sa femme. En proie à l’effroi, puis au doute, ses deux amis passent une nuit mouvementée pour décider de la marche à suivre.
Tordant le cou à l’habituel scénario où les amis aident à cacher le corps, Nos femmes prend son sujet au sérieux et, paradoxalement rehausse, ce faisant, le potentiel désopilant de l’œuvre. Le long-métrage est à la fois introspectif, faisant la part belle aux inquiétudes des trois amis et particulièrement drôle. Le meurtre commis par Simon, agit comme un catalyseur. Tandis que Simon entend instrumentaliser cette amitié, Paul et Max vont nécessairement devoir se questionner sur ce qu’elle signifie et ce qu’elle implique. Ainsi lors d’une très longue nuit, les masques vont tomber entre les trois hommes qui vont s’avouer des sentiments contradictoires. À l’image de leurs couples, leur amitié est faite d’amour mais aussi de petites contrariétés gardées sous le manteau. L’occasion de laisser Paul éclater de colère et Max dévoiler une sensibilité qu’il cachait très bien. Bien que Assous prenne bien soin de laisser la question ouverte au petit matin, les protagonistes ayant faillis se fâcher reste soudés autour de petits rien qui font le sel de leur amitié. Et chacun de leur côté se séparent avec des espérances nouvelles. En filigrane, le titre de la pièce prend tout son sens, l’électrochoc de l’acte criminel de Simon ayant permis à Paul et Max de réfléchir à leur routine.
Autant les derniers rôles de Thierry Lhermitte nous laisser froid, autant signe-t-il ici, dans son élément, un retour réussi à la comédie. Il n’est jamais plus à sa place que sur les planches fussent-elle cinématographique. Il est parfait en escroc de bas-étage, excellent en séducteur patenté, tout à fait crédible en assassin malgré-lui. On se rappelle ses meilleurs rôles, François Lesbuche dans Les ripoux, Popeye dans Les bronzés ou encore le mythique Pierre Mortez dans Le père Noël est une ordure. On oublierait presque l’antipathie qu’il nous provoque irrémédiablement depuis son implication dans les affaires de l’Hadopi. À ses côtés, pour donner la réplique à ce coureur de jupon antipathique, la figure de Daniel Auteil incarne le bon copain vraiment prêt à tout, même à mettre de côté sa morale et son éthique. Et Richard Berry rajoute à ce duo, un sérieux prosaïque. S’équilibrant dans une synergie parfaite, les deux point de vue différents donne lieu à des joutes verbales réjouissantes. Habités par leurs personnages qu’ils incarnent depuis plusieurs mois au Théâtre, Auteuil et Berry semble réellement deux vieux potes. La mise en scène respire par tous les pores, le café-théâtre. Le clou du spectacle étant sûrement cette chorégraphie hilarante de Berry sur Ma benz de NTM.
Se payant même le luxe, sur Clair de Lune de Claude Debussy, de nous voler une petite larme d’émotion, Nos femmes à l’intelligence du cœur et l’intelligence du rire. Comme quoi, partant d’un fait sordide, on peut provoquer l’amusement et même prêter à réflexion si la qualité de l’écriture est au rendez-vous. N’hésitez pas à rejoindre la troupe de Nos femmes à partir du 29 avril 2015 dans toutes les bonnes salles.
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