Le film est à mes yeux décevant, mais c'est aussi parce qu'il se chargeait d'une attente liée au contexte actuel. Un biopic est déjà difficile à mettre correctement en oeuvre, mais quand celui ci se prend pour vocation de cristalliser des débats sur le sexisme, la cause homosexuelle, la vieillesse ou l'addiction au jeu, ça fait beaucoup. Emma Stone comme Steve Carell sont deux formidables acteurs et leurs talents promettaient beaucoup pour jouer avec finesse des facettes multiples. En plein affaire Weinstein, retrouver l'actrice au sommet plutôt silencieuse sur le sujet me laissait rêver à une réponse. Mais Battle of Sexes ne sera pas Ali ou Harvey Milk. Si le personnage de Carell est a mon avis finalement le mieux écrit, Billy Jean manque cruellement de profondeur dans la finesse de traitement de son époque. La faute à la première moitié du film, prie dans un rythme où les actions et retournements de situation vont très vites, et où tout se pose sans le moindre suspense tant tout est téléguidé, prévisible, et déjà en train de s'accomplir sous vos yeux par manque de durée de film. Le personnage de Stone est discrète, mais nous prive de véritables réflexions. Et surtout, par ce rythme, on ne ressent pas la société de l'époque. Là est l'incapacité du film à répondre à notre présent, en articulant la misogynie autour de personnages secondaires clichés de grands méchants. La grand méchante tennis woman traditionaliste de Margaret Court sans saveur, et le misogyne animateur Jack Kramer. En relayant la misogynie qu'à certains hommes au discours extrême et repoussant, on conclue le film en se disant "les méchants ont perdu" sans se rendre compte que la lutte pour l'égalité passe aussi, et aujourd'hui principalement, par une lutte plus fine inscrite dans nos moeurs culturelles présents dans quasiment chacun d'entre nous. Et on ne me ferra pas croire qu'à l'époque le sexisme n'était que l'affaire de quelques grands misogynes au pouvoir. Oui, le film ne pouvait pas prévoir le climat de sortie, mais le sujet n'est pas nouveau. Le film avait tout pour réussir, un affrontement avec un Billy Riggs qui n'est pas le grand méchant pour un match que l'on va aimer regarder, et un contexte de l'époque qui pouvait ré-illuminer l'actualité, en interrogeant non pas Riggs mais bien les personnages secondaires, et avec eux la société dans son ensemble. On se retrouve au final avec un film sympathique, bien que pas aussi drôle que la bande annonce nous le présentait (puisqu'elle contient toutes les séquences amusantes) mais qui sur le sujet de son titre, finit par son traitement superficiel à n'être qu'un "féminisme pour les nuls".