Du côté d’Ambray
A propos de Belles familles, Jean-Paul Rappeneau dit : « c’est un roman familial imaginaire ». Le réalisateur de Bon voyage revient en effet au cinéma, après onze ans d’absence, avec une comédie familiale. A l’écran, on découvre un casting de luxe composé de Mathieu Amalric ou encore de Karin Viard, mais aussi de la nouvelle « muse » de Rappeneau (après Deneuve, Binoche ou encore Adjani) : Marine Vacth (repérée dans Jeune et Jolie d’Ozon). Cette histoire de famille fictive – mais inspirée de « moments autobiographiques » – tourne autour la vente de la maison du père de famille. Le titre du film a alors un double sens, il nous montre ironiquement peut-être de « belles familles », mais c’est aussi l’histoire de Jérôme (Mathieu Amalric) qui tombe amoureux de la belle-fille de son père, qui avait refait sa vie. Tout l’objet du film est de réconcilier le fils avec l’image de son père (qu’il a fuit dix ans plus tôt en s’installant en Chine). De ce côté-là, rien de bien nouveau. On assiste en effet à un film choral, bien moins en profondeur que ne l’était l’étude des personnages dans Bon voyage. Résultat, on accroche assez peu à cette histoire de litige plus ou moins obscur qui bloque la vente de la maison. La psychologie des personnages est très faible, pour ne pas dire « clichée » : entre le fils en quête du père idéalisé par les autres, fuit par lui et les jeunes filles « belles » mais audacieuses, insoumises ou encore la vieille fille amoureuse éperdue et un peu « bête ». Tout repose sur des pièces successives, comme autant de scènes qui mènent à la reconstitution d’une famille éparpillée. On n’échappera pas non plus à l’éternelle querelle des doubles (les frères, les femmes du père, les femmes du fils). Tout tourne autour d’Ambray, ville imaginaire où tournoient d’autres personnages (notaire, maire, secrétaires, ami d’enfance) jamais vraiment creusés, souvent très simples, trop simples. Cette histoire est assez peu accrocheuse tant elle mène à une conclusion assez attendue et plutôt décevante. En gros, « qui se ressemble, s’assemble ». Soit, sans grande surprise, les deux figures aussi abstraites qu’électriques du film : Amalric et Vacth. Pour le reste, on sourit parfois, mais cette histoire d’allers-retours reste très longue (près de 1h53) et manque parfois cruellement d’intérêt.