Jean-Paul Rappeneau aime les acteurs. C'est le moins que l'on puisse dire. Il réunit ici une palette de stars qui s'impliquent totalement dans cette comédie, du moins ce qui veut bien ressembler à une comédie. Le font ils par amitié ? Le font ils pace qu'il s'agit de Rappeneau ? Le mystère est entier. En effet, si l'on reconnaît le style léger, très théâtral voire burlesque de son auteur, le film s'englue dans une série de quiproquos rarement convaincants, peu crédibles et surtout faussement naturalistes. L'histoire est irracontable. Celle d'une vente d'une maison magnifique en province, où se côtoient corruption, conflits de famille, avarice, trahisons, bref du théâtre de boulevard dans la pure tradition française. L'idée est évidemment intéressante. Le scénario par contre, très faible, ne parvient pas à esquisser le moindre sourire. On regarde, hagard, ce long, trop long portrait d'une famille qui ne ressemble à aucune autre. Il y a même quelque chose de dérangeant dans cette représentation familiale, à un moment où autant de personnes cherchent un emploi et ont bien du mal à boucler les fins de mois. Le réalisateur fait œuvre d'une véritable ambiguïté. Il est difficile de savoir à l'issue du film s'il fait preuve d'ironie à l'encontre de cette famille si riche mais sans le sou paradoxalement, ou si, au contraire, il croit donner aux spectateurs une vision partagée de la famille. On espère le contraire, tant le propos est consternant, sinon dérangeant. La complexité familiale échappe totalement à l'histoire dans un empilement de beaux meubles, de beaux appartements, de belles coiffures, de belles robes, de beaux sourires, certes à l'honneur des acteurs, mais en totale contradiction avec les temps qui courent. La production aurait gagné à couper les scènes n'apportant peu ou pas au récit, qui se déroule, hélas, dans un long et contemplatif ennui. "Belles familles" est passé à côté de son sujet, peut-être à cause de l'imposture même de cette famille qui voudrait résonner au plus près du cœur des spectateurs.