Auteur d’une semaine plutôt maussade aux cotés de la belle Marylin Monroe, il y a peu, Simon Curtis s’oriente cette fois-ci vers le film Post-Nazisme, genre cinématographique en lui-même. Le cinéaste s’emploie ici à narrer le véritable combat d’une victime de la Shoah, juive-autrichienne expatriée aux Etats-Unis au premier jour de l’occupation nazie de son pays, en vue de récupéré le trésor culturel de sa famille depuis longtemps dissoute. Maria, donc, vielle femme vivant à l’heure des regards vers le passé, tente la restitution par l’état autrichien de quelques œuvres de Gustav Klimt, dont la fameuse femme en or, qui n’est rien moins que le portrait de sa tante disparue. Pour ce faire, elle s’offre les services d’un avocat de Los Angeles, novice, descendant lui-aussi de victimes de l’Holocauste. Voilà donc l’entame d’une croisade judiciaire véridique que le metteur en scène s’efforce de ne jamais faire basculer dans le mélodrame.
En effet, si le propos est sombre, si l’histoire est cruelle, La femme au tableau use d’une certaine forme d’humour et d’une grande part de légèreté pour parvenir à tisser sa toile narrative. Ryan Reynolds, sage comme une image, incarne le militantisme judicaire à l’américaine, tout en noblesse d’esprit, en intelligence. Un personnage facilement malléable et par-dessus tout bâti sur une multitude de clichés qui se heurte à une drôle de bonne femme, ladite Maria. Cette dernière, incarnée par Helen Mirren, une fois de plus excellente, se caractérise par ses sarcasmes, ses traits d’humour gris-noir qui contrastent avec le propos. Oui, cette dernière est décidée à récupérer ce qu’elle considère comme son dû. Mais c’est finalement son avocat, le jeune premier menant là le combat de toute une vie, qui le persuadera d’aller jusqu’au bout. Assisté à Vienne par un sympathisant bien utile, l’inévitable Daniel Brühl, acteur germanique nouvellement agrée à Hollywood pour tenir ce type de rôle, les deux californiens, comme ils aiment à se définir, livreront une bataille un poil mou-du-genou.
Mais qu’importe. Les allers retours en salles d’audiences et cabinets, les beaux discours de chacun, la visite touristique et culturelle de la capitale autrichienne, les retours en arrière ronflants à l’époque des exactions nazies, le chemin nous mène vers un final pressenti, connu, du moins pas ceux qui ont déjà mis le nez dans le monde de l’art. Sans acharnement, donc sans réelle passion, nos protagonistes mènent un combat d’usage, un fait d’arme juridique pas foncièrement palpitant mais qui captive de par son authenticité historique. Manquant de punch, de vigueur, le film de Simon Curtis, parfois bancal lors des nombreux flashbacks, est une œuvre appréciable mais jamais indispensable. On prendra déjà ça. 11/20