Un film efficace, dans la lignée des "films de procès", avec un rappel émouvant de la période noire de la montée du nazisme en Autriche.
Un bémol cependant sur le sujet des restitutions et des procès intentés des années plus tard, vis-à-vis d'états, d'administrations ou d'entreprises qui est bien délicat, et nécessite plus de nuance et de finesse qu'il n'y en a dans ce film très manichéen, ainsi que sur la façon dont sont présentés les Autrichiens et la position de l'Autriche, que je trouve plutôt binaire:
En gros, les autrichiens se partagent entre quelques "gentils" qui aident la vieille dame (qui plus est adorable et poignante) dans son combat pour récupérer les tableaux de famille, dont les nazis ont spoliés les siens, et des "méchants" puissants et arrogants, et beaucoup d'indifférents (voire ne regrettant pas nécessairement la période nazie).
Or, même si le film choisit de n'en montrer aucun, lors de ce procès, il y avait certainement des autrichiens avec des positions plus nuancées sur ce sujet, partagés entre deux réalités:
- la culpabilité nationale de l'Autriche, qui s'est donnée à Hitler et au nazisme plus qu'elle n'a été annexée (sans oublier pour autant la forte minorité d'opposants, qui a été comme partout en Europe, réduite au silence par la force et la terreur), et la politique injuste et spoliatrice qu'a mené l'état autrichien,
- dans le même temps le fait que Klimt, était un artiste pleinement viennois (et détesté par les nazis), dont l’œuvre fait partie d'un héritage culturel collectif, dont l'exposition au Palais du Belvédère, accessible à tous, avait un véritable sens. C'était d'ailleurs la volonté exprimée par la tante de l'héroïne de voir ce tableau y retourner. En ce sens, pour bien des viennois, cet arbitrage a du être ressenti comme un déchirement, une punition collective.
Ici je trouve que ce film se situe dans un registre un peu manipulateur, en jouant du label "histoire vraie", car on ne peut que sympathiser avec la vieille dame drôle et émouvante, affrontant l'arrogance des élites, dont certains même semblent sinon nostalgiques du nazisme, du moins ressentir peu de remords vis-à-vis de la période nazie.
Mais imaginons que l'héritier ait été un trader trentenaire amoral et millionnaire, spéculant sur les cours des matières premières, et cherchant juste à récupérer un tableau de valeur... sur le plan juridique, ses droits sur le tableau n'auraient pas été différents, mais aurait-on ressenti la même empathie?