Malgré un pitch de départ à l’éthique contestable, "Une famille à louer" se révèle être une bonne petite surprise. Pourtant, les premières images ne sont guère encourageantes ! Autant suivre comme son ombre le majordome d’un homme richissime est original, autant reproduire cet exercice de style sur Violette tourne à l’agacement. Et que dire de l’entrée en scène de Benoît Poelvoorde, lui qui a pour habitude de présenter son personnage sous les traits les plus abrupts qui soient ? Limite on pense alors avoir affaire à une comédie pauvre et sans saveur. Mais c’est sans compter sur la fraîcheur, la beauté et la spontanéité de Virginie Efira. Alors que la plupart des spectateurs l’ont connue d’abord comme animatrice de télévision, elle continue à nous surprendre pour notre plus grand plaisir, grâce donc à son naturel, même si elle semble se spécialiser dans la comédie romantique. Dans cette nouvelle comédie de Jean-Pierre Améris, elle constitue pour ainsi dire le moteur de l’histoire, et cela en dépit du fait que son personnage Violette n’a rien demandé à personne. Pleine de vie, pleine d’envies, pleine de rêves, pleine de volonté, elle ne cesse jamais d’y croire et entre en total contraste de Paul-André, dont la psychologie est diamétralement opposée à celle de Violette. Aussi je considère que faire évoluer le jeu de Poelvoorde doucement mais sûrement au gré du caractère de son interlocutrice a été non seulement bien vu mais aussi particulièrement réussi. En effet, timide, introverti, dépressif, il a du mal à exprimer ce qu’il ressent, ce qui amène quelques petites maladresses certes parfois navrantes mais résolument touchantes. On a tout de même droit à quelques situations cocasses, quelques répliques amusantes, surtout quand elles viennent de la bouche des enfants (la vérité sort-elle vraiment d’eux ?) à propos du prénom Paul-André. Alors voilà, aussi incroyable que cela puisse paraître malgré un scénario à la fois invraisemblable et prévisible, le charme opère peu à peu tout simplement parce que ce sont la sensibilité, la fragilité et la délicatesse de chacun qui vont prendre le dessus et toucher le spectateur, n'étant les enfants (Pauline Serieys et Calixte Broisin-Doutaz) n'étant pas en reste non plus. A côté de ça, certains personnages secondaires sont un peu clichés comme le frère de Violette (Philippe Rebbot), le boulet pour qui on doit toujours être à sa disposition, ou comme et surtout Madame Delalande (Edith Scob) qu’on aimera détester avec ses grandes manières et ses points de vue d’un autre temps. Certes, on ne rira pas franchement à gorge déployée au cours de cette comédie romantique, mais Jean-Pierre Améris a su garder une espèce d’authenticité en signant une réalisation assez classique, certes assez proche du conte mais jamais très loin de la vraie vie. Le fait est qu’on ressort de ce film avec le sourire, avec le sentiment que ce long métrage nous a fait du bien. D’autant que le spectateur aura le sentiment que certaines choses sont remises à leur place par la morale pouvant être dégagée de "Une famille à louer" (le plus fort étant que ça ne parait jamais moralisateur !), ce qui donne à ce film un avantage indéniable : ce film peut être vu par tous de 7 à 77 ans, sans craindre la moindre vulgarité ou la moindre extravagance déplacée alors que « l’argent fait-il vraiment le bonheur ? » est une question clairement posée. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas la comédie du siècle non plus, mais au moins cette comédie gentillette se suit agréablement tout au long de ses 97 minutes sans véritable ennui.