La Belgique exerce sur moi un charme particulier et plus spécialement la région de Namur où j'ai vaqué jadis à plusieurs reprises pour des raisons à la fois "familiales" et touristiques. On y est dépaysé et les gens y sont naturellement sympathiques; certaines expressions désuètes employées par ceux-ci rajoutent de la saveur au charme des séjours que l'on peut y passer. Or, il se trouve que Benoit Poelvoorde est originaire de ce coin du plat pays. Il usa sûrement bon nombre de pantalons sur les fauteuils du cinéma Eldorado, pour peut-être dessiner le projet fou de devenir un jour comédien. Non content d'être un pays sympa, le Royaume de Belgique nous offre aussi les talents de bons comédiens; en l'occurrence, le mystérieux Poelvoorde et l'énergique Efira. Ces deux-là orchestrent cette assez touchante comédie, qui raconte le rapprochement négocié d'un vieux garçon confronté à une pesante solitude et d'une jeune mère de famille aux manières très populaires. Paul-André est aisé financièrement à n'en plus savoir quoi faire, son immense villa est le théâtre de son ennui, sa statutaire Maybach lui sert de passnavigo et son majordome ( Francois Morel ) veille sur lui comme s'il était son chérubin. Paul-André regardant les actualités Gaumont, vieux garçon qu'il est, s'intéresse au cas d'une jeune mère de famille, Violette, dont les agissements alimentent les chroniques judiciaires. Il s'émeut de la détresse de la jeune femme, que l'expulsion menace et lui propose, pour tromper sa monacale solitude, contre grasse rémunération, de jouer les beaux-pères pendant trois mois pour mettre un peu de couleur dans sa morne existence de millionnaire. Tous deux jouent fort bien la comédie de l'amour, autour de laquelle sautillent deux jeunes ados, surpris par cette étrange alliance. Philippe Rebbot, génial dans "Mariage à Mendoza" met lui aussi son grain de sel dans cette love story sous contrat, dans le rôle du frère de Violette.
L'observateur aiguisé que je suis remarque que la majestueuse Villa Paul Poiret, qui sert de demeure sans âme à Paul-André, fut aussi le lieu du tournage qui opposait, dans un autre registre Gérard Lanvin et Niels Arestrup, faisant la gueule tous deux avec talent dans "96 heures".
Une comédie légère, teintée de bons sentiments, qui met sur un piédestal l'un des pires fléaux de l'existence, la solitude.