Paul-André (Benoît Poelvoorde), enfant unique de bonne famille, s'est constitué une très solide fortune personnelle dans la conception de logiciels (société vendue - il est maintenant rentier). Le quadra est introverti, pessimiste, méticuleux, et volontiers misanthrope (il vit dans la seule société de Léon, son valet de chambre et chauffeur, dans une grande maison d'architecte, en banlieue parisienne chic).Violette (Virginie Efira) est une pétillante trentenaire, issue d'un milieu très modeste, habitant une maisonnette de bric et de broc, joyeusement en désordre, est sans emploi (se "débrouille" au noir, notamment pour aider son frère Rémi, gardien d'immeuble, qui lui sous-traite le ménage) et double mère célibataire ("2 coups de foudre, perdus de vue"..), d'une ado "intello" (la jeune Lucie lit Dostoïevski), et d'un pré-ado métisse plus passionné de foot que de géométrie. Pour faire se rencontrer ces deux-là, Jean-Pierre Améris (co-scénariste, avec Michelle Magellan) use d'une astuce scénaristique qui sent son artifice - et son 19e siécle : épisode à la base digne de Zola
(la jeune femme, un jour de vaches maigres, vole un poulet dans un hypermarché, assomme le vigile qui l'appréhende, passe en jugement - d'où reportage télévisé "signifiant", sur lequel tombe par hasard l'ex-homme d'affaires).
L'ours Paul-André engage la chômeuse - il veut voir in situ ce qu'est une famille
(lui n'a plus que sa mère, qui ne lui a jamais manifesté la moindre tendresse - et qu'il fréquente le moins possible).
Ce 10e "long" de cinéma (Améris réalise aussi pour la télévision) se veut "conte moral" (avec supplément "humour"). La tournure des événements fait qu'il vire au quasi-conte de fées - en usant (et abusant ?) d'autres artifices dans le récit, invraisemblances et raccourcis divers, avec une fin presque bâclée : union annoncée de la "redneck", à la française (au demeurant, qu'elle soit un beau brin de fille aide, évidemment) et du capitaliste... Version contemporaine du mariage de la bergère et du prince (les enfants sont déjà là, en variante - et le "prince" n'est pas vraiment "charmant", selon critères de la beauté classique..). 1 h 36 en somme pour passer (avec plus ou moins d'invention) de "Une Famille à louer" (transaction) à "Une Famille à louer" (admiration).... Un moment agréable cependant, grâce au duo d'acteurs belges, BP/VE, en grande forme, chacun dans le registre attendu.