La Bande Annonce de « Tous en scène » tourne depuis des mois et des mois dans les salles de cinéma et même si elle est accrocheuse, elle ne laissait présager que d’un film d’animation musical autour d’un concours de chants et pas beaucoup plus. Alors qu’en est-il ? Et bien c’est d’abord le rythme trépidant du film qui impressionne : presque 1h50 de film (ce qui est long pour un film d’animation qui d’adresse à un jeune, voire à un très jeune public) et aucun temps mort, aucune scène en trop, aucune baisse de rythme. Mais pour autant, « Tous en scène » n’est pas étourdissant comme parfois certains films d’animation qui sont tellement obsédés par le rythme qu’on a l’impression d’être dans un manège infernal ! Non, ici on ne s’ennuie pas, le film est équilibré : ni trop lent, ni trop trépidant, juste comme il faut. Les travellings sont étourdissants, l’animation réussie et les personnages parfaitement croqués et immédiatement attachants. Evidemment, il y a les gentils et les méchants, les caractériels et les timides, les exubérants et les réservés : toute la panoplie des caractères est représentée, pour que petits et grands puissent s’identifier à qui lui convient le mieux. Le héros du film, Buster Moon (parfaitement doublé en VF par Patrick Bruel) est un idéaliste débrouillard et passionné. Sa secrétaire est une vieille caméléonne gaffeuse. Et puis sur scène, on trouve la truie femme au foyer (avec 26 marcassins quand même !), la cochon exubérant (et curieusement à l’accent allemand très prononcé), la petite hérissonne punk-romantique, le jeune singe délinquant qui rêve de changer de vie, la souris hyper douée mais hyper narcissique et l’éléphante timide à la voix d’or mais à la timidité chronique. Evidemment, les caractères sont bien trempés, c’est fait pour les enfants, c’est fait pour mettre en exergue un humour bon enfant mais au final assez réussi. On rit souvent, et même de bon cœur devant les efforts des uns et des autres pour aller au bout de leur rêve. Le film est plein d’optimisme et de bonne musique. Ca c’est la bonne surprise du film en fait : on s’attend à de la pop moderne bien calibrée et on se retrouve devant un film qui musicalement part dans tous les sens ! On y entend du Elton John, du Franck Sinatra, du bon vieux rock des familles et même du David Bowie (et oui…). Ca file la patate et ça donne envie de chantonner dans tous les styles au sortir de la salle ! Côté petits défauts, j’en vois au moins deux. D’abord, c’est un film d’animation qui ne peut pas se lire à plusieurs niveaux, contrairement aux films d’animations modernes qui font rire les petits et les grands mais pas avec les mêmes gags, les mêmes références et aux mêmes moments. Ici, pas de second degré (ou alors il m’a échappé), pas de clin d’œil pour les adultes, on est dans le film pour enfants assumé. Même quand c’est réussi, comme ici, c’est assez frustrant pour les adultes. Et puis, je ne vois pas bien où est le message sous jacent de « Tous en scène ». Si le message du film c’est « crois en tes rêves, ils peuvent se réaliser » c’est un peu faible, même pour des petits. On était habitué ces derniers temps à des films pour enfants plus ambitieux de ce point de vue, avec un vrai fond, parfois même un fond étonnement complexe (« Vice Versa » par exemple). Ici, bof… Pas vraiment de fond : tout est dans le rythme, la performance musicale, l’humour et les personnages bien croqués, mais pas tellement plus. En réalité, un film sans fond est un film qui sonne un peu creux et c’est malheureusement le cas ici. C’est une réalité qui décevra peut-être les grands mais qui ne les empêchera pas de prendre du plaisir pendant la projection, c’est juste une petite frustration. Les plus jeunes, en revanche, s’éclateront sans retenue devant un film formaté pour eux et qui proposera à leurs toutes jeunes oreilles des morceaux aussi cool que « Under pressure » ou « My way »… Ce n’est quand même pas rien ça, non ?