Il y a une chose que je ne comprendrais jamais : en vue de l’exploitation commerciale en France, pourquoi changer remplacer un titre en anglais par un autre titre… en anglais ? D’autant qu’on craint que le titre choisi ne spoile plus ou moins le film. Eh bien cela dépend du point de vue. D’une certaine façon, oui. Sauf que je ne suis pas tout à fait d’accord : il est un peu menteur et envoie le spectateur sur une piste plus ou moins fausse. Du moins quand celui-ci a pris le soin de ne regarder ni le synopsis, ni la bande-annonce. Car finalement, tout le film repose sur cette fameuse autopsie. Allez ! Avant que vous mes fidèles lecteurs ne me découpiez en morceaux pour connaître le vrai fond de ma pensée, je préfère avouer que c’est mon cas : j’ai boudé bande-annonce et synopsis et je me suis donc lancé dans ce visionnage sans rien savoir, hormis le fait qu’il avait fait son petit effet. Et effectivement, ce long métrage fait son effet, et cela déjà très tôt : en fait dès la première fermeture du diaphragme d’un appareil photo couplé à un flash. Eh oui, j’ai sursauté et alors ? Je suis sûr que je ne suis pas le seul. C’est vrai quoi, c’était tout calme juste avant. Et là, v’là qu’on nous balance le bruit caractéristique d'un appareil photo comme ça, sans prévenir. Lol ! Je me suis dit « ça commence bien ! ». Ben tiens, si je commence à sursauter à tout bout de champ pour un oui ou pour un non... Bref ! Mais si on tient compte du titre originel, lequel parle clairement d’une autopsie, il n’est pas étonnant de nous voir débarquer au sein d’une scène de crime particulièrement sanglante. Mais là où ça prend une tournure singulière, c’est le scénario imaginé quant à cet épouvantable crime, ce qui en fait un crime peu commun. Déjà on ressent le savoir-faire du réalisateur norvégien André Øvredal pour démontrer toute l’horreur de la scène, sans prendre la peine de rentrer plus que ça dans les détails. Et si les images ne suffisent pas, la mine effarée du shérif Sheldon (Michael McElhatton) devrait compléter ce manque. Et si ça devait s’avérer encore insuffisant, vous serez comblés par la suite en assistant à cette autopsie comme si vous étiez un stagiaire lors de sa toute première autopsie par écran interposé, en somme comme si vous y étiez. Mais le plus remarquable, c’est que le cinéaste réussit à mettre en place une ambiance glauque par une série de plans astucieux : les lumières qui s’allument sans que rien ne bouge, le dédale des couloirs, un robinet qui goutte… Mais le plus ingénieux est qu’il instaure cette ambiance pesante par étapes (il peaufinera son travail avec les bruits de toutes sortes) en alternant habilement avec l’autopsie grandeur nature. Même les décors participent à la mise en place de cette ambiance malsaine. D’abord par les couloirs à la déco un peu vieillotte, ensuite par l’architecture de la maison des Tilden : on dirait presque un vieux manoir hanté !
Et à ce moment du film, je ne croyais pas si bien penser !!
La réalisation est précise, méthodique, à l’image du légiste : la caméra s’attarde sur la fermeture éclair du sac mortuaire, sur l’alignement des instruments.... Dans ces conditions, impossible de ne pas être pris dans l’histoire, jusqu’à en avoir la chair de poule… durant les deux premiers tiers du film. L’immersion est si bonne qu’on a beau attendre des jump scare et même les pressentir, ils fonctionnent malgré leur conformisme aux codes du genre. Seulement voilà : au bout d’une heure, on sent que les scénaristes se sont laissés piégés dans une voie sans issue, tellement visitée par le 7ème art qu’ils ne savent plus trop comment en sortir. Alors hop un tour de passe-passe un peu facile et un retour dans le conventionnel du genre qui insinuent dans la tête du spectateur un sentiment de gâchis et qui peut le pousser à être sévère dans sa note. Il est vrai que c’est décevant quand la première partie est superbe de maîtrise. Ce sera donc un 3,5/5 pour moi, estimant que ça ne vaut pas plus, mais pas moins de 3/5. Au moins, pour une fois, l’ensemble de la presse et des spectateurs semble à peu près homogène.