C'est l'histoire d'un lieu paradisiaque cherché & découvert par di Caprio, Canet & Ledoyen, où vit une communauté "hippie" heureuse de jeunes Robinson retirés du monde moderne et qui va montrer par la suite son aspect plus sombre.
Le film démarre bien ; on se sent partir pour un chouette voyage filmique mais en seconde partie, ça vire à un mélange de styles où se perd la motivation initiale - et mon attention.
Des scènes sont superflues ou trop longues (les fiestas, l'enterrement...). Quelques photos gore et appuyées des pêcheurs dévorés par les requins sont déplacées. Di Caprio devient un peu fou puis décide de ne plus l'être dans un passage un peu chaotique du film. Etc.
Le héros joue bien et il est aussi bien mis en valeur, Ledoyen normalement mais Canet a un rôle vraiment secondaire, en retrait et son jeu y est imperceptible pour ne pas dire mièvre.
Ledoyen s'appelle "Française", euh pardon "Françoise" dans le film... pour que ça parle aux Amerlocs car on a peu vu en France de Françoise qui ait 20 ans dans les années 2000. (Si y'en a une qui me lit...
Des incohérences sont frappantes :
1) La communauté de jeunes gens n'a pas mis au monde d'enfants en 6 ans d'existence en free love et il n'y a jamais eu de gros bobo nécessitant une hospitalisation ou la présence d'un médecin durant tout ce temps. 2) Di Caprio abandonne sans ciller comme les autres à la souffrance et à la mort le malade, le membre défaillant du groupe mais pleure quand il le tue, entre autres, pour abréger ses souffrances. 3) Sauf l'humain Canet, tout le monde accepte donc de laisser souffrir puis d'abandonner ce compagnon à ses horribles douleurs et à la mort mais se sauve en courant quand la gourouette "tue" di Caprio. 4) Canet a du caractère et du mordant en 1ère partie de film puis les perd, s'efface (est effacé ?) en seconde. 5) Personne ne pense argumenter ou négocier pour sauver la présence de la communauté dans ce paradis face à la décision du chef indigène d'évacuer les lieux ; puisqu'il y avait eu des morts par morsure, il pouvait y avoir de nouveaux arrivants impromptus pour "compenser", ou autre argument. 6) La gourouette refuse que celui qui souffre des dents aille à la ville se faire soigner mais ne trouve quasiment personne pour l'accompagner en ville faire les courses. 7) Alors que c'était son viatique, Di Caprio ne récupère pas la carte des mains de la JF abattue par les gardes devant lui. 8) L'ex compagnon de la gourouette se venge en maîtrisant Di Caprio pour que sa nana lui tire dessus mais se sauve comme tout le monde "après coup". 9) Il n'y a pas de réflexion de son projet à long terme de la part de la gourouette (ou de quiconque) alors qu'elle semble intelligente, calculatrice, précautionneuse et dans la volonté de maîtrise des choses.
Etc.
Néanmoins, on trouve quelques belles images et quelques moments de bonne tension.
Dans ce film, di Caprio est celui qui va tout faire basculer dans ce paradis pour mettre en avant son aspect infernal, en grande partie involontairement car avant de le trouver, il ignorait qu'il fallait garder l'endroit secret, question de vie ou de mort.
La fin peut être interprétée de plusieurs façons. Soit di Caprio est rentré dans le rang de la société capitaliste car son expérience sur l'île paradisiaco-infernale lui a fichu la claque de sa vie, soit son petit sourire face à la photo de la colo montre qu'il a le regret de ce temps (d'avant l'enfer donc où l'enfer est occulté par la supériorité du plaisir pris au paradis) qui aurait pu durer, soit il n'est dupe de rien, soit tout à la fois.
Avec tout cela et bien qu'il se laisse regarder, je trouve l'ensemble du film bien moyen. Il est inégal dans son intrigue et sa narration, et il y manque surtout un enjeu.