La Plage… Elle doit bien exister… Réalisé par Danny Boyle en 2000, ce film met principalement en scène Leonardo DiCaprio, Virginie Ledoyen et Guillaume Canet. Un américain et deux français, pour un trio plus que mémorable… Richard, un jeune américain en quête de sensations fortes, parcours seul la Thaïlande. Lui qui veut être loin des circuits touristiques habituels, il est vite déçu. Sa rencontre avec Daffy, un homme fou qui lui raconte l’histoire d’une communauté autonome vivant sur une plage paradisiaque, va tout changer. Le lendemain, Daffy, mort mystérieusement, lui a laissé une carte qui indique l’emplacement de la plage. Entrainant un couple de français avec lui, Françoise et Etienne, Richard part pour l’aventure d’une vie… Un synopsis étrange, pour un film étrange. Alors par où commencer… Peut-être par les musiques, qui sont toutes excellentes, et composent une Sound Track différente de ce qu’on entend habituellement. C’est d’ailleurs par un début chaotique, en musique, que commence l’aventure de Richard. Bangkok, une ville différente de ce qu’il connait. Ce n’est pas pour lui, il veut de l’aventure, car Richard et ses amis représentent avant tout une nouvelle jeunesse. En effet, quelques années auparavant, quand Danny Boyle connaissait le succès avec son film Trainspotting, il y avait un goût chez lui à dépeindre la jeunesse, leurs préoccupations et leurs obsessions. Il l’avait très bien réussi, avec l’histoire de ces classes populaires écossaises. La Plage est l’exemple parfais. Le trio en veut toujours plus, représente la jeunesse dans sa démesure, qui se cherche dans un monde qui offre toujours plus d’opportunités. Une génération désabusée, qui ne se reconnait plus dans un monde moderne, où tout est pourtant accessible, sauf peut-être la réelle recette du bonheur… Ainsi, la plage, un lieu paradisiaque coupé du monde où vit une communauté solitaire est un bon prétexte pour créer une utopie. Ce peuple réunissant des gens de tous les endroits et milieux du monde, en marge de la société moderne, vit en paix, dans l’intention de cacher leur paradis pour le préserver du monde qu’ils veulent éviter. Malheureusement, sous son apparence parfaite, la plage renferme le côté sombre des gens : la jalousie et l’égoïsme principalement, et le trio va vite sombrer dans une spirale infernale. Tilda Swinton en dirigeante de communauté impose avec autorité les règles de la plage, et la chute parait inévitable. Le peuple qui vit dans une réalité masquée par la beauté et les bons sentiments, ne peut que se faire rattraper par ce à quoi elle souhaite échapper. La critique que fait Danny Boyle de la société est violente. Même le plus beau des mondes ne peut échapper à la véritable nature de l’Homme. L’Homme, qui ici est présenté comme seul responsable de son malheur, et du malheur des autres. Chaque problème en est sa principale responsabilité, et c’est aussi pour ça que la plage offre une protection limitée du monde moderne pour les personnages. C’est une bombe à retardement. Au-delà du fond très intéressant, ce long métrage adopte des gimmicks de réalisations intéressantes. A de nombreuses reprises, des séquences décalées ou même explicitement violentes apparaissent et démontrent que la folie du réalisateur ne l’a pas quittée depuis Trainspotting. Les quelques plans séquences servent le récit et apporte du mouvement utile au rythme. Les « trips » de Leonardo DiCaprio sont d’ailleurs assez fréquents, pour qui l’expérience s’avère aussi étrange qu’envoûtante. Le long métrage est généreux en belles images, sublimées par les musiques. En effet, l’environnement est paradisiaque, et Danny Boyle ne se prive pas de montrer ce cadre exceptionnel, ses lieux et ses occupants. Guillaume Canet en second rôle livre une prestation un peu en recul, mais les débuts sont déjà prometteurs tandis que Virginie Ledoyen excelle aux côtés de Dicaprio. D’ailleurs, celui-ci est toujours aussi bon, alliant tristesse et folie parfois en un seul plan, tout en ayant une joie caractéristique sur le visage. C’est aussi ce qui fait la force du film, le bonheur des personnages libérés de toutes contraintes, du moins jusqu’à ce que la société finisse par les rattraper : la chute n’en est que plus violente. Les deux côtés oscillent constamment (bonheur et malheur), car la plage reste un piège, une utopie. L’humanité est capable du plus beau comme du pire. L’environnement est dangereux pour nos héros, qui ne sont que des mortels dans un monde de fou. Ainsi, la plage, hostile et attirante, piège le trio et révèle sa vraie nature. Ce n’est que la vraie nature de l’Homme. Ce film est magnifique, et se révèle être aussi intelligent dans son message que la composition de ses plans. Unique, mystérieuse, sombre et belle. La Plage, c’est un sacré choc qu’il m’a été donné de voir. Incontestablement un chef d’œuvre.