Après quelques courts-métrages enchainés dès la fin de tournage d’Une vie moins ordinaire, Danny Boyle (futur réalisateur de 28 Jours Plus Tard, Slumdog Millionaire et 127 Heures) revenait en 2000 avec une superproduction, Leonardo DiCaprio dans un rôle post-Titanic. Avec des films flirtant avec la comédie et le drame, le réalisateur britannique s’attarde ici sur l’adaptation du livre d’Alex Garland, du genre « thriller d’aventure ». Que nous vaut donc ce film devenu culte au fil des années ? (ATTENTION SPOILERS !)
Voyageant en Thaïlande, Richard, un jeune Américain, se retrouve du jour au lendemain en possession d’une carte qui conduit d’une île légendaire et paradisiaque sur laquelle vivrait une communauté, en communion avec la nature. Attiré par cette nouvelle expérience de vie, Richard décide de partir à la recherche de cette île, en compagnie d’un couple de jeunes Français. Une base scénaristique donc qui nous présente une histoire d’aventure, dans laquelle nous allons suivre le chemin de nos trois héros jusqu’à leur but. Mais très vite, on se rend compte que le but du film n’est pas de partager cette quête (celle de rechercher l’île, celle-ci découverte bien avant la moitié du film) mais de faire vivre au spectateur le côté paradisiaque des lieux, tout en y instaurant le côté thriller de l’ensemble. Toujours sur le papier, La Plage s’avère être un film scénaristiquement intéressant, mais qui perd énormément de son intérêt lors de sa seconde partie (celle où tout se passe sur l’île). À partir de là, le long-métrage devient de moins en moins captivant à cause d’une mise en scène bien trop tape-à-l’œil, ce qui gâche bon nombres de séquences (DiCaprio face au requin, le quart d’heure délirant de son personnage…) et l’ambiance « angélique » de cette plage. Petite remarque du côté des protagonistes, trop peu travaillés voire pas du tout ! Seul Richard est approfondi comme il faut (en même temps, il est le narrateur de sa propre aventure). De plus, malgré un scénario inégal, certaines pensées philosophiques, certains messages sociaux arrivent à passer, nous faisant légèrement réfléchir sur certains détails de nos « misérables » vies. Mais vu comment se termine le film (Richard de retour au pays comme si de rien n’était, après avoir vécu une expérience éprouvante, revolver pointé sous son nez par une amie), les idées et moralités du film ont bien du mal à rester dans nos esprits.
Revenons sur la mise en scène. Pas la peine d’en rajouter, à part sur le fait que la plupart du film se présente comme un trip pour adolescents. Ambiance décontractée (narration, bande originale plus entraînante que travaillée, montage), sujets évoqués typiques des ados (liberté de faire ce que l’on veut, amours, sexe, un peu de drogue dans ce mélange), acteurs plutôt jeunes… Bref, La Plage ne s’adresse qu’à un seul type de spectateurs, alors qu’il aurait bien pu en intéresser d’autres.
Mais fort heureusement, La Plage n’est pas un film à mettre à la poubelle, étant tout de même captivant dans sa première moitié, regardable et quelque peu travaillé dans sa seconde, et qui mérité d’être vu grâce à son casting plutôt « frais », regroupant les Français Virginie Ledoyen et Guillaume Canet, dépassés par Leonardo DiCaprio. D’ailleurs, je pense que le long-métrage mérite son statut de film culte grâce à l’acteur, ce dernier interprétant avec un brio un jeune lambda, auquel beaucoup d’adolescents puissent se voir à travers lui et qui espèrent vivre la même aventure. Un casting regroupant également une électrisante Tilda Swinton et un bluffant mais trop absent Robert Carlyle, qui semble se lâcher comme rarement.
En bref, La Plage est une sorte de trip pour adolescents, pas mauvais pour un sous, mais bien trop « stylisé » et tape-à-l’œil pour qu’il puisse accéder au rang de « bon film ». Sans compter que les spectateurs qui ne sont pas habitués à ce genre de divertissement risquent à coup sûr de lâcher l’affaire dès la découverte de l’île. Avec plus de sérieux et de travail du côté du scénario, La Plage aurait sans nul doute pu être un véritable régal.