La Donneuse (plutôt Le Donneur devrai-je dire), est un film dont on n’attend a priori pas grand-chose, surtout qu’aux commandes on retrouve Damian Lee, réalisateur plutôt médiocre avec pas mal de ratage dans sa filmo, et notamment sa précédente collaboration avec Jeff Wincott : Street Law. Pourtant ce film est sûrement un si ce n’est son meilleur, une petite série B efficace exploitant le thème toujours prometteur du don d’organe involontaire !
Car c’est bien de cela dont il est question dans La Donneuse : un cascadeur se voit prélever malgré lui, après une nuit érotique, un rein ! Et évidemment pas volontairement. Le film va ensuite nous offrir les malaises du héros, une enquête et une romance. Honnêtement ça fait du bien de voir Wincott loin du cinéma de tatane, et évoluer dans ce film court et bien dosé qui, sans échapper aux incohérences et sans être doté d’un suspens tonitruant, parvient à assurer un divertissement d’une étonnante efficacité. Rythmé, sérieux dans son approche du sujet, virant parfois avec succès vers le thriller érotique très marqué années 90, La Donneuse est un film qui, tout en assumant son statut de série B divertissante parvient à se montrer assez appliqué dans le traitement de son sujet pour ne pas virer à la nanardise que je craignais un peu au départ. J’ai beaucoup aimé l’écriture du personnage de Wincott aussi. Cela peut surprendre mais celui-ci trouve un rôle plus consistant que de coutume, pris entre sa volonté de retrouver le méchant, ses difficultés à s’habituer à sa nouvelle vie, et son amour pour une charmante doctoresse. L’acteur est un artiste martial et est généralement limité à ce registre, mais ici il montre que finalement il est plus à l’aise dans un registre plus classique. Si son jeu n’a rien de dément et si son charisme n’a jamais été l’atout de Wincott, j’ai trouvé sa prestation honorable, bien supérieure en tout cas à ce que je connaissais de lui jusqu’à maintenant. Par ailleurs il est entouré d’un sacré casting féminin ! Ok, toutes les actrices n’apparaissent pas énormément, mais que de charme ! Michelle Johnson hérite du principal rôle féminin, et elle est très douée dans son rôle. Si pour le reste c’est du secondaire, on ne peut que se réjouir de voir des femmes aussi belles qu’Emmanuelle Chriqui, Ellen Dubin, et même pour les plus attentif Amanda Tapping, la star de Stargate SG-1.
Visuellement La Donneuse est aussi le film le plus abouti que je vois de Damian Lee. Lorgnant explicitement vers le thriller érotique, avec des scènes de sexe sur fond de lumières bleutées et de musique planante, il nous offre un film assez réussi, avec une photographie convaincante, des décors honorables même si parfois un peu pauvres (l’hôpital), quelques scènes d’action. J’ai trouvé que Damian Lee a fait un film appliqué ici, bien que classique, s’attardant de façon un peu racoleuse sur ses actrices, mais comment pourrait-il en être autrement ?
Pour ma part La Donneuse est un bon film très plaisant à regarder. Comme je l’ai dit, pas exempt de certains défauts, et pas très imaginatif visuellement, Damian Lee se révèle cependant un technicien appliqué ici, et il porte bien son histoire sans réserver tout à fait le suspens que l’on pouvait attendre. Mais dans son genre c’est réellement à visionner. 3.5