Vu au ciné "LE CAS RICHARD JEWELL", 40 ème réalisation du légendaire et presque nonagénaire CLINT EASTWOOD, ici le metteur en scène relate un fait divers incroyable peu connu chez nous: en juillet 1996, lors des J.O. d'Atlanta, un agent de sécurité repère un sac suspect, prévient la police et permet de sauver la vie de centaines de personnes (la bombe en explosant fera 2 morts et de nombreux blessés), d'abord considéré comme un héros il va ensuite devenir suspect pendant 88 jours avant d'être innocenté, son nom et sa famille ayant été salis pour toujours, malgré l'indemnisation et la reconnaissance. Le film montre bien comment un homme ordinaire qui, en faisant consciencieusement son travail, peut passer en peu de temps dans la conscience collective d'homme admiré pour son courage en terroriste, tout ça par la faute ici de la collusion média - police prêt à tout pour faire le scoop: cet homme, un peu naïf, peu loquace, limite autiste, vivant encore avec sa mère à 33 ans, moqué pour son surpoids, qui veut depuis toujours devenir policier mais qui a été renvoyé pour zèle excessif, est le portrait-robot idéal du frustré voulant se faire remarquer, cible parfaite pour être désigné coupable, heureusement il avait gardé comme ami un avocat pour qui il travaillait auparavant, celui ci va l'aider à se sortir d'une machination judicio-mediatique programmée, "ils veulent te griller comme du bacon" lui dit-il pour le faire réagir. Si la narration est très classique et sans surprise, effectivement aucun suspense car on connaît des le début la vérité, ça n'en demeure pas moins passionnant, malgré quelques imperfections et des personnages moins bien dessinés, la simplicité de la mise en scène, sans esbroufe, apporte une belle vérité et une force indéniable à cette dénonciation du pouvoir excessif des médias et du système politico-judiciaire, voulant absolument réhabiliter cet homme broyé. Le film vaut surtout par l'interprétation: aux côtés de Kathy Bates en mère douloureuse, Sam Rockwell est parfait en avocat malicieux et pittoresque, fidèle à son ancien employé et prêt à tout pour prouver son innocence, Paul Michael Hauser est troublant et assez fascinant en accusé malgré lui, victime populaire désignée, montrant peu d'émotions, le fait d'avoir choisi un comédien inconnu aide à croire au personnage, à l'image de "Sully" à nouveau ici Clint Eastwood se plaît à réhabiliter des gens ordinaires qui ont eu un destin extraordinaire, peut être pas le meilleur opus de son auteur mais un bon film prenant pour une aventure de vie assez révoltante et édifiante!