C’est l’histoire (vraie) de Richard Jewell, 33 ans, chargé de la sécurité pendant les jeux olympiques d’Atlanta en 1996, qui passe du statut de héros (après avoir découvert, le samedi 27 juillet, un engin explosif artisanal dans un sac à dos, dans le parc du Centenaire lors d’un concert en plein air et fait évacuer la foule, limitant le nombre de victimes (2 morts et 112 blessés) à celui de suspect, uniquement à cause de son profil psychologique proche du « complexe du héros » et du signalement d’un ancien employeur, directeur de l’université Piedmont de Georgie. Le film, dont le scénario est écrit par Billy RAY, d’après un article du magazine « Vanity Fair » de Marie Brenner et le livre de Kent Alexander et Kevin Salwen, d’inspiration libertarienne, montre un individu très observateur (il est surnommé Radar par son futur avocat) mais naïf [il fait penser au prince Mychkine, personnage éponyme de « L’idiot » (1869) de Fiodor Dostoïevski (1821-1881)] broyé, non seulement par le F.B.I. (dont les représentants se limitent au profil psychologique du terroriste pour accuser Jewell, malgré l’absence de preuves) mais aussi par certains médias où tout est bon pour faire de l’audience ou du tirage (Olivia WILDE, odieuse et cynique paparazza), bien loin de l’esprit des journalistes d’investigation [cf. « Les hommes du président » (1976) d’Alan Pakula sur le scandale du Watergate ou « Pentagon papers » (2017) de Steven Spielberg sur l’implication politico-militaire des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam entre 1955 et 1975]. Outre l’aspect politique, c’est aussi un film sur la solitude de Richard Jewell, en excès de poids, vivant à 33 ans chez sa mère, elle aussi seule [excellente interprétation de Kathy BATES dont les cinéphiles se souviennent de l’infirmière terrifiante, Anny Wilkes, qu’elle interprétait dans « Misery » (1990) de Rob Reiner ou de Molly Brown dans « Titanic » (1997) de James Cameron], sans amie, passionné de chasse et ayant le sens du devoir et un profond respect des institutions (il a étudié le code pénal pendant son temps libre). D’ailleurs, les scènes intimistes sont les plus réussies [Richard (excellent Paul Walter HAUSER) avec sa mère, avec son avocat Watson Bryant (Sam ROCKWELL) ou à la fin de l’instruction, 88 jours après sa mise en accusation, témoignant de l’évolution de son caractère après les épreuves subies]. A la fin du film, on apprend que Richard Jewell est décédé à 44 ans en 2007 et que l’auteur de l’attentat a été identifié et arrêté en 2003 (Eric Rudolph, 30 ans lors des jeux olympiques, suprématiste blanc américain anti-avortement). Pour mémoire, Clint Eastwood a fait appel au même directeur de la photographie que son précédent film, « La mule » (2018), le canadien Yves BELANGER (60 ans).