Il est clair que le Clint Eastwood des années 2010 (voire 2020, maintenant!) n'est plus le même que celui des années 70-80, voire 90. Comprenez : la maîtrise est réelle, la technique indiscutable. Le bonhomme sait mener un récit avec clarté, cohérence, son talent pour la direction d'acteurs ne faisant également aucun doute. Ainsi, je suis loin d'avoir passé un mauvais moment devant « Le Cas Richard Jewell ». Au contraire, ces 129 minutes sont passées assez vite, allant certes à l'essentiel, mais évoquant clairement ce qu'il fallait savoir sur cette histoire assez dingue, comme presque seule l'Amérique peut en vivre. Maintenant, comme je le disais précédemment, le Eastwood actuel n'est plus le Eastwood de la grande époque, et cela se ressent : certes, les temps ont changé, mais ces histoires vraies nous racontant la solitude d'un homme broyé par un système et une administration toute-puissante, on commence un peu à connaître la chanson. Le grand Clint nous raconte une certaine Amérique d'aujourd'hui, certes, mais sans la flamme, le brio qui caractérisait ses plus grandes œuvres, surtout sur un sujet ici très américano-américain, dont on sait plus ou moins, qu'on connaisse l'histoire ou pas, comment celui-ci va se dérouler, aucune surprise n'étant à recenser, si ce n'est d'avoir comme héros un personnage au physique désavantageux et très limité intellectuellement, ou encore le soin apporté à certains seconds rôles, dont Sam Rockwell (deuxième belle performance en quelques semaines après celle de « Jojo Rabbit »), Kathy Bates ou Olivia Wilde, dans un rôle toutefois assez chargé (et pas toujours crédible). Du cinéma solide et fait avec soin, donc, confirmant toutefois la logique très actuelle de son réalisateur, loin de ce qui a pu faire sa légende et, osons l'écrire, ses plus belles réussites.