Il nous a déjà fait le coup, le cinéma américain : nous annoncer un sujet grisant qui prétendait s’amuser un peu avec les codes de la bien-pensance… « Sex Friends », « Love et autres drogues », « Crazy, Stupid, Love » : autant de films qui affichaient ostensiblement une liberté de ton à l’égard de la bonne morale mais qui finalement retournaient à chaque fois leur veste pour se conclure par des messages d’un conformisme hallucinant. Je l’avoue, j’ai du mal à comprendre cette démarche qui consiste à faire exactement l’inverse de ce qu’on annonce. Avec ce « Crazy Amy », j’espérais que Judd Apathow saurait AU MOINS réussir à se débarrasser de ses convenances pesantes. Eh bah c’est loupé. Encore une fois donc, il faudra se retaper le même discours, la même histoire, la même morale. Amy s’accorde des libertés à l’égard des normes ? Mais c’est parce qu’elle n’a jamais vraiment connu l’amour pardi ! D’ailleurs, je peux vous le dire, il est vite oublié le pitch dans ce film ! Mis à part une scène d’introduction bien marrante parce que justement iconoclaste, le sujet de la monogamie est très rapidement réduit (en trois minutes montre en main pour être exact) à un simple désir de non-engagement, à une simple logique de plan-cul… Alors soit, je ne demande pas à un film de Judd Apathow de nous sortir une thèse sur l’impact de la morale judéo-chrétienne sur nos mœurs, mais bon, quand on annonce un sujet, au moins on pourrait essayer de le traiter et, accessoirement, de nous faire rire dessus. Et là pour le coup, le film démissionne doublement, puisque non seulement il fuit son sujet pour se réfugier dans les clichés habituels, mais en plus il n’est même pas si drôle dans sa manière de manœuvrer dans ces eaux si connues malgré tout. Et pourtant, malgré ces échecs majeurs sur les points clefs de sa démarche première, je trouve que ce « Crazy Amy » nourrit un étrange paradoxe, celui de se sauver par ses détails et ses enrobages. Le premier point fort est clairement la prestation et la personnalité d’Amy Schumer. Dans un rôle de Bridget Jones un peu trash, elle a au moins le mérite de casser avec l’image lisse des midinettes qu’on retrouve habituellement dans ce genre de film. Finalement d’ailleurs, on pourrait aussi dire la même chose de Bill Hader, campant lui aussi un personnage un peu décalé par rapport aux stéréotypes habituels (…bon, et encore). Et puis tout autour de cela, il y a quelques petites sucreries pas méchantes comme la présence de LeBron James, en gentille dérision, qui savent poser quelques moments qui font légèrement sourire. Bref, il n’est pas si atroce que cela ce « Crazy Amy », mais bon, on l’a déjà tellement vu ce film qu’on est aussi en droit de s’en lasser. Moi ce fut mon cas. Deux heures d’un programme tellement convenu, entendu et téléphoné, pour moi c’est trop…. Ou plutôt c’est trop peu, mais en terme de contenu. Un oeu de créativité au cinéma, même dans les comédies gentillettes, je suis désolé, mais franchement, moi, ça ne me ferait vraiment pas de mal…