Le cinéma horrifique aura décidément usé le found footage jusqu’à la corde ! Si ce style de mise en scène avait fait les beaux jours de ce genre, notamment avec Le projet Blair Witch et [REC] avant d’aller voir ailleurs (Cloverfield, Chronicle, Projet X…), il semble désormais n’être qu’un banal artifice servant de prétexte à quelques productions indépendantes de voir le jour. Sans pour autant que des films tels qu’Apollo 18, Le dernier exorcisme et le récent Gallows ne parviennent à atteindre la même notoriété. Que ce soit une question de qualité ou pas, il faut bien avouer que le côté angoissant procuré par le found footage ne fait plus trop son petit effet. Il suffit de prendre Catacombes pour s’en rendre compte !
Pour ceux qui ne connaîtraient pas le film (à juste titre !), il s’agit d’une production franco-américaine qui avait fait parler d’elle au moment de sa sortie en août 2014 pour ses décors et son tournage. En effet, son intrigue prenant place dans les catacombes de Paris, l’équipe du long-métrage a pu accéder aux longues et mystiques galeries souterraines de la capitale française plutôt que de filmer dans un studio (bien que l’on puisse tout de même douter sur la teneur de certaines séquences). Une occasion exceptionnelle qui permet à Catacombes de s’offrir une ambiance claustrophobe et un chouïa malsaine assez jouissive pour faire monter la pression. Et vu que la majorité de l’histoire se déroule en ces lieux, ce n’est que du bonheur ! Mais il semblerait que le film n’ait compté que sur cet atout-là pour exister, le reste n’étant que banalités, clichés et prévisibilités à tout-va ! Ce qui, malheureusement, nuit à un projet pas si mauvais que la moyenne du genre. Pour s’en rendre compte, il faut s’arrêter sur les trois parties distinctes qui composent le scénario.
La première, sans doute la plus ennuyeuse. Une (bien trop) longue introduction démarrant de manière bancale (on ne comprend pas ce qui se passe, d’autant plus que la caméra bougeant dans tous les sens n’arrange pas les choses) avant de continuer plus calmement sur la présentation des personnages et de leur quête. Bien que les comédiens ne s’en sortent pas trop mal (on a vu pire ailleurs, c’est sûr !), nous ne nous attachons pas à eux ni ne nous intéressons pleinement à leur aventure, qui est tout de même la découverte de la pierre philosophale. Quinze longues minutes durant lesquelles il ne se passe clairement rien. Sans compter que dès ces premiers instants, Catacombes témoigne de quelques lacunes en matière de found footage, comme le switch de caméra ou encore le fameux « pourquoi le personnage filme alors qu’en vrai… ? ». L’ennui pointe donc le bout de son nez très rapidement, jusqu’à ce que les choses sérieuses commencent enfin dans la seconde partie de l’œuvre.
Celle-ci débute dès que notre groupe d’aventuriers amateurs s’enfonce dans les profondeurs de la capitale, nous laissant enfin le plaisir de découvrir ce décor si particulier. Le fait que le film soit en found footage nous gratifie, en tant que spectateurs, d’être présent sur les lieux aux côtés des protagonistes. Si les défauts de mise en scène cités dans le paragraphe précédent persistent toujours, rien n’entache l’atmosphère lourde et pesante qui se dégage de l’ensemble. Du coup, grâce à cela et également à cette quête de la pierre philosophale, Catacombes gagne en intérêt et devient très agréable à suivre. D’autant plus que s’il fallait trouver un comparatif, le long-métrage serait un mélange entre The Descent (en moins bon, certes) et Da Vinci Code. Pendant quarante bonnes minutes, on se dit que finalement, le visionnage vaut le détour… jusqu’à la troisième et dernière partie.
Comme s’il fallait remplir son cahier des charges en termes d’horreur et d’hémoglobine, Catacombes vire à l’instar de ses semblables dans le grand n’importe quoi. Si l’idée de faire des catacombes de Paris
les portes de l’Enfer
s’avère amusante, tout part en fumée en un éclair. La faute principalement à des séquences guignolesques (
une voiture en feu, des démons…
) qui s’enchaînent bien trop rapidement, des effets spéciaux à la ramasse, les carences en found footage qui ne font qu’empirer, des plans bien trop souvent illisibles, des retournements scénaristiques à dormir debout, des jump scares prévisibles… et tout cela pour finir comme si de rien n’était ! Un retour douteux aux clichés horrifiques qui gâche le travail acceptable réalisé jusque-là et qui réduit Catacombes à un film d’épouvante bateau n’ayant que son décor naturel pour attiser notre curiosité.
Donc, si vous oubliez ce long-métrage après son visionnage, n’en soyez pas surpris ! Bien qu’il soit bien au-dessus des productions du même type, Catacombes ne sort nullement des sentiers battus. Le film n’ose jamais tirer son épingle du jeu, préférant s’enliser dans la normalité du cinéma d’horreur et rester pour le coup dans l’anonymat. Le tout a beau se montrer divertissant durant sa seconde partie, il n’y a pas suffisamment de matière pour que Catacombes se montre impérissable.