Un peu comme à l’accoutumée, le casting, une sélection aux Oscars, David O. Russell revient avec toute son indépendance tenter de séduire large, pour le coup avec un biopic fantasque sur l’inventrice d’un certain ballet ayant fait fureur durant quelques décennies. Le rêve américain, donc, là où tout est possible si persévérance et motivation il y a. Le rêve américain pour la femme, même, la femme combative qui sort, les années 60 passées, de son cocon imposé pour exploser à la face du monde. Le rêve américain ou quelque chose de finalement anodin peut rendre riche, pour peu que l’on surpasse les obstacles légaux, malhonnête ou en l’occurrence, un peu sexiste. Tout est bien qui finit bien, dans Joy, quoique, film un poil longuet sur la valeureuse débauche d’énergie d’une femme asphyxiée, littéralement, par une famille qui l’empêche de s’émanciper, de devenir la femme indépendante qu’elle rêve d’être.
O. Russell s’y connaît décidément, lui-aussi, pour faire d’un petit rien un évènement. Son film, à juste titre, ou non, retrouve les chemins des cérémonies prestigieuses, trouvant encore un vaste public là ou dans les mains d’un quelconque faiseur de commandes, le concept serait rapidement tombé à l’eau. C’est sans doute que David O. Russell y croit, croit en son travail, se donnant les moyens de ses ambitions en s’adjugeant les services de comédiens qui lui ont réussi par le passé. Son précédent American Bluff n’ayant pas été bon, du moins parce qu’étant une copie mal fagotée de l’œuvre de Martin Scorsese, le réalisateur ne baisse pas les bras, en revient à une thématique plus sociétale, reprend les mêmes et attend les réactions, bonnes ou mauvaise. Soit, on peut saluer l’état d’esprit du metteur en scène, un artisan ayant réussi, par le passé, de très belles choses, je pense à Fighter, et qui croit toujours tenir le bon bout. On ne peut toutefois pas se forcer à baver devant Joy, un film qui certes possède quelques atouts, mais se veut au final assez morne.
La thématique du rêve américain, on connaît. L’émancipation de la femme dans les affaires, on connaît aussi. L’alliance Jennifer Lawrence, remarquable certes, et de Bradley Cooper, nous connaissons également. Qu’a donc de bien nouveau à nous proposer le metteur en scène si ce n’est une déclinaison assez romanesque du destin d’une femme ayant réellement vécu la situation? Finalement, pas grand-chose. Peut-être un Robert DeNiro, pour une fois pas aux fraises? De l’humour? Mouais, pas vraiment? De l’esthétisme? Non. David O. Russell nous offre simplement un film agréable, léger, pas franchement convaincant de bout en bout mais suffisamment maîtrisé pour nous faire passer un moment plutôt agréable.
C’est donc ça Joy, un film comme il y en a des centaines, mais un film tout de même réussi, un long-métrage qui bénéficie du talent du quelques comédiens talentueux, un film qui se détache de la machine financière hollywoodienne pour en revenir à des thèmes plus terre-à-terre. Ce n’est donc pas si mal, finalement. En tous cas, comme biopic, on aura vu bien pire. 13/20